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Photos de classes - 1973 #3 : Stevie Wonder, "Too High"

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 Aujourd'hui on fête l'anniversaire d'un des nombreux coups d'éclats d'un artiste qui aura passé une décennie entière à en sortir des quantités incroyables : "Too High" de Stevie Wonder. A partir de 1971, Stevie Wonder obtient de la Motown le contrôle créatif total sur ses albums, et se lance dans une frénésie de composition qui le voit sortir cinq albums dont le dernier, Songs in the Key of Life , est probablement ce qui s'est fait de mieux dans la soul des années 1970. En 1973 paraît Innervisions et c'est déjà l'apogée de sa carrière pour l'époque. Très marqué par un usage massif des synthétiseurs les plus pointus du moment - en l'occurrence le Moog Bass - l'album est inauguré par la chanson "Too High" qui se lance dans une soul futuriste sans renier ses racines rythm n' blues. Plus personne ne compose comme Stevie Wonder, qui se permet le luxe de jouer de quasiment tous les instruments sur ce titre, y compris le so

Photos de classes - 1973 #2 : Iggy and the Stooges, "Search and Destroy"

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Aujourd'hui on fête l'anniversaire d'un des rares albums dont le son égale la prétention : Raw Power des Stooges. Ultime album de la première période du groupe, il arrive déjà 3 ans après que le groupe soit devenu totalement ingérable et improductif par le comportement erratiques de ses membres. En premier lieu évidemment Iggy Pop, auquel David Bowie propose de prêter main forte pour enregistrer un nouvel album qui sortira sous le nom d'Iggy et les Stooges.  Déjà auteurs de deux albums de rock garage brutaux qui seront sans doute précurseurs du mouvement punk à venir, côté américain surtout, la bande enregistre donc avec l'ambition de proposer un son toujours plus violent. Mission réussie que même le mix décrié de Bowie ne parvient pas à lisser: "Search and Destroy" est une des chansons les plus caractéristique du style désinvolte et colérique de son auteur, notamment cette suite d'accords du refrain qui fait monter la tension pour provoquer, on l'

Photos de classes - 1973 # 1 : Pink Floyd, "Time"

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Aujourd’hui, on fête le cinquantenaire d’un des plus grands albums de tous les temps, en tout cas de celui qui est jugé comme tel pour une grande majorité de mélomanes – et d’audiophiles – de toutes générations : Dark Side of the Moon . Commençons par évacuer mon commentaire pisse-froid du jour : ce n’est ni mon album préféré de Pink Floyd, ni même mon deuxième. Mais c’est celui qui synthétise le mieux le groupe pour n’importe qui, en capitalisant sur les meilleurs moments de Meddle pour construire une œuvre comme on en entendait peu en 1973, et qui marque la deuxième étape d’une formidable série d’albums majeurs de la décennie. Parmi les quelques moments marquants de cet album culte, « Time » est sans doute celui qui contient le plus grand nombre de gimmicks caractéristiques du groupe anglais. Les enregistrement de réveils introductifs arrivent à point nommé pour secouer l’auditeur après les expérimentations un peu datées du titre précédent. S’ensuit une longue, très longue introduc

Moi je dis ça... Robert Fripp est le grand guitar hero des 70's

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  J’ai toujours rêvé d’être un guitar-hero. Pour moi c’était mieux que d’être président. Ca voulait dire être quelqu’un. Les guitar-hero ne sont pas des musiciens comme tout le monde, ils font ce qu’ils veulent et c’est parfois simplement pour les voir qu’on prenait un ticket pour leur groupe. Comme pour des sportifs de haut niveau, j’étais fasciné par leurs gestes, leurs manies, leur posture et chaque interprétation révélait des capacités hors du commun. Et pour moi, ces derniers devaient tous respecter un certain style : cheveux longs, chemises ouvertes, guitare au niveau de la taille et surtout, un mutisme à tout épreuve. Je concédais à certains, pour des raisons pratiques, qu’ils soient obligés de chanter de temps à autre, mais le pur guitar-hero était celui qui ne se met sur le devant de la scène que pour son solo. Évidemment, tout cela est très stéréotypé d’un point de vue musical : il faut un groupe de rock, de 4 ou 5 membres, assez ambitieux pour étirer ses morceaux et donner u

Le jour où j'ai vu The Big Lebowski avec des adolescents

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Panel des expressions faciales par lesquelles je suis passé ce matin là. C’était la semaine dernière. Quelques cheveux blancs sur les tempes et des cernes qui trahissent une jeunesse de plus en plus lointaine, je mène comme un troupeau de moutons dociles mais fatigués une soixantaine de lycéens à travers le centre-ville. C’est ramadan, certains sont debout depuis quelques heures et semblent déjà pressés de faire la sieste. Arrivés devant le cinéma, je suis satisfait, nous sommes en avance, personne ne s’est perdu ni précipité devant un feu rouge. Le programme de la matinée est simple : plonger les élèves dans une salle obscure pour la troisième fois en espérant atteindre, au moins en partie et pour quelques élèves, quelques objectifs simples. Appréhender un film dans toute sa dimension rituelle, à l’heure de l’addiction généralisée de nos adolescents pour les formats courts et assez rarement fictionnels. Et puis, peut-être, éveiller leurs goûts, les confronter à une certaine altérité,