Apparat Organ Quartet - Pólýfónía
Voilà le genre d'albums qu'on entend pas tous les jours ! Apparat Organ Quartet est un groupe islandais qui, comme son nom l'indique, joue principalement sur de vieux synthés. Tout le concept du groupe est de faire de la musique un peu comme tout le monde, allant de la pop simple au rock tournant presque psychédélique, avec simplement des synthés, et tous les sons qu'on peut en tirer. Par là dessus, la moindre ligne de chant est traitée avec un vocoder qui rappelle les grandes heures de ces chers Daft Punk. C'est donc l'originalité de cette formation qui m'a poussé à écouter cet album d'Apparat Organ Quartet, qui m'était totalement inconnu malgré une certaine notoriété acquise avec la sortie de leur premier album il y a 8 ans.
Forcément, tous ces synthés, ça sonne très années 80, mais sans surfer sur la vague du revival actuel. Déjà parce que le concept du groupe est bien plus ancien que ça, et parce qu'on sent que les chansons ne cherchent pas particulièrement à imiter cette musique. C'est simplement le son des synthés qui nous renvoie inévitablement à des références pas forcément très glorieuses. Bon, il faut dire que Pólýfónía ne commence pas très bien avec ce "Babbage" dont l'intro est franchement assez grotesque. Ca s'arrange un peu ensuite, mais ça reste un registre qui fait plus sourire que rêver. Il y a finalement assez peu de morceaux qui échappent à ce son qui a très mal vieilli, même si on le pratique à notre époque. Le pire étant peut-être "Pólýnesía" et sa mélodie qui ferait presque penser à "Pop Corn" ou ce genre de choses. Alors bien sûr, on peut tout simplement dire que c'était vraiment une idée à la con de tout jouer au synthé. En ce qui me concerne j'avais espoir quand je vois le travail monstrueux que peut réaliser Dean Fertita au sein des Dead Weather, avec un simple clavier utilisé de manière originale. Seulement ici non seulement le son n'est pas original, mais les petits effets de basse new-wave avec une batterie bien kitsch comme le début de "Konami", c'était loin d'être indispensable.
Pourtant, malgré tous ces défauts évidents, je n'ai pas ressenti de profond dégoût à l'écoute de cet album. Il y a même des passages que j'ai trouvé franchement bien, et globalement la composition des chansons est plutôt bonne. "Cargo Frakt" est plutôt sympathique par exemple, une fois qu'on a assimilé la voix vocodérisée et les boucles de synthés pas toujours très bien trouvées. De même pour "Pentatróník" qui est bien rentre dedans, fait monter la tension gentiment avant d'exploser dans un déluge de claviers qui m'a presque conquis ! Vraiment, Apparat Organ Quartet a quelques bonnes idées de composition, mais c'est vraiment dommage qu'elles soient engluées dans ce son si kitsch et si difficile à oublier. De manière générale, les chansons ne sont pas ennuyeuses, et on n'est même pas en train de se dire "Mais bon sang que c'est mauvais!" Et ceci parce que le groupe assume d'entrée de jeu le choix de ce son si particulier, il ne l'utilise pas juste pour se gargariser de mettre un son original dans une chanson banale, ce qui fait qu'on ne peut pas vraiment gueuler là dessus, ou alors on écoute pas du tout l'album. On échappe pas bien entendu à des passages épico-grotesques qu'on croirait piquée à l'(é)Tron de Daft Punk, comme dans "Síríus Alfa".
En écoutant Apparat Organ Quartet on oscille donc entre un certain respect pour un groupe qui a eu les couilles de sortir ce concept complètement loufoque, et un peu de peine car cette même intégrité fait énormément de mal à des chansons qui ont l'air potentiellement intéressantes parfois. En bref, si l'on se prend au jeu on peut facilement écouter Pólýfónía avec plaisir, mais les relents de kitsch et de mauvais choix sonores en général sont parfois trop forts pour que l'on puisse entièrement adhérer. Mais ça vaut le coup d'y jeter une oreille, rien que pour voir.
Eh, eh, aussi dans mon petit carnet ça : "y jeter une oreille rien que pour voir!"...
RépondreSupprimer:-DDDDD
Mais c'est vraiment ça en plus! J'ai écouté en entier sans difficultés parce que ça m'intriguait trop, même si au fond je sais que c'est pas terrible.
RépondreSupprimerOui, moi aussi!
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