I'm not there
C'est bientôt Noël ! Et vous savez qui aime Noël ? Bob Dylan bien sûr, il aime tellement qu'il en a fait un album l'an dernier. Donc on va parler aujourd'hui de ce cher Zim, ou plutôt de tous ceux qui l'aiment. Exercice périlleux et rarement bien vu, la reprise de Bob Dylan est pourtant un moyen intemporel pour faire montre de son bon goût, et profiter du talent du plus grand artiste de la seconde moitié du XXe pour sortir de bonnes chansons. Mais ici on ne parlera pas du "Knockin' on Heaven's Door" des Guns N Roses, ou tout autre monstruosité. Non, on va parler des reprises moins connues, qui évidemment n'égalent pas l'original mais qui ont le mérite d'être arrangées de manière originale, ni monstrueuses, ni imitatrices. Chaque artiste a su trouver la chanson de Bob Dylan qui convenait à sa propre musique pour en donner une version intéressante. Bref, c'est l'heure de toucher du doigt la divine grâce du songwriting de ce grand monsieur de la musique populaire, et c'est ici:
Bryan Ferry - All Along the Watchtower: (originale in John Wesley Harding, 1967) La chanson qui n'est connue que par ses reprises, par un homme qui a carrément dédié un album à Dylan. J'aime beaucoup la version d'Hendrix, mais celle de Bryan Ferry offre une perspective différente, tout en gardant les points d'appuis indispensables de la chanson, comme cette suite d'accord désormais inoubliable.
Johnny Cash - It Ain't Me Babe: (originale in Another Side of Bob Dylan, 1964) Cash et Dylan se connaissaient, ils ont même fait un album ensemble, mais Cash a aussi repris cette chanson de son pote tout seul, avec l'arrangement country qu'on lui connait, et l'aide de sa femme June Carter dans le rôle de Joan Baez. La voix profonde du man in black rend parfaitement cette chanson qu'on pourrait presque croire de lui-même.
Johnny Winter - Highway 61 Revisited: (originale in Highway 61 Revisited, 1965) L'originale était assez rythmée, et Johnny Winter lui donne le son qui lui convient le mieux avec ce blues texan au bottleneck, qui fait rugir cette chanson qui adapte la Bible aux mythes américains. Un son bien sale qui sent fort l'essence et le bitume, juste ce qu'il faut.
Alain Bashung - She Belongs to Me: (originale in Bringing It All Back Home, 1965) Le son a assez mal vieilli c'est vrai, ça a pas loin de 20 ans. Mais quelle merveilleuse idée de la part de Bashung d'avoir repris cette ballade, et tout juste pourrait on lui reprocher d'imiter un peu trop son aîné. Mais il remplace la nonchalance dylanienne par l'élégance de sa voix sombre pleine de nuances, et on y croit tout autant.
Madeleine Peyroux - You're Gonna Make Me Lonesome When You Go: (originale in Blood on the Tracks, 1975) Ici, point d'imitation, Madeleine Peyroux remplace cette pure chanson dylanienne par son folk jazzy délicat, qui n'a plus rien à voir avec l'originale, et devient une toute autre chanson, également très bonne, comme quoi on peut reprendre Dylan sans souffrir la comparaison.
Jeff Buckley - Just Like a Woman: (originale in Blonde on Blonde, 1966) Qu'il était téméraire de reprendre cette perle, mais qui d'autre pour le faire que le prodige Jeff Buckley ? Il garde la schéma guitare/voix qui sied le mieux à cette chanson en y appliquant toute la sensibilité nécessaire pour que les paroles vous touchent comme il se doit, avec ce jeu de guitare qui rajoute encore à la beauté originale.
Andrew Bird - Oh Sister: (originale in Desire, 1976) Andrew Bird a beau être un excellent violoniste, c'est par son fameux sifflement qu'il arrange cette chanson dont l'originale est déjà à pleurer. Mais rassurez vous, il ne s'arrête pas là, et les cordes arrivent en fin de morceau, pour vous achever. Un bien belle appropriation qui s'éloigne autant de l'originale qu'elle en reste proche dans son émotion.
Antony and the Johnsons - Knockin' on Heaven's Door: (originale in Pat Garrett & Billy the Kid, 1973) Encore une chanson qui a fait vomir des générations de fans de Dylan. Antony and the Johnsons en font enfin une version correcte en lui redonnant toute sa sensibilité par ces arrangements épurés et surtout la voix inimitable d'Antony, qui, même si on ne l'aime pas, a le mérite de traiter la chanson avec le respect qui lui est dû.
Iggy and the Stooges - The Ballad of Hollis Brown: (originale in The Time They Are a-Changin, 1964) L'adaptation des Stooges me fascine, tellement elle parvient à créer une ambiance si particulière, forcément très sale, et très glauque. Une totale mise en situation de cette histoire sordide par les Stooges qui ont su rendre au mieux ce sentiment d'horreur banale qu'on trouve dans cette chanson.
The White Stripes - One More Cup of Coffee: (originale in Desire, 1976) On sait que Jack White admire beaucoup Dylan et c'est donc normal qu'il reprenne cette chanson, qui ne ressemble pourtant pas à son univers habituel. Les reprises des White Stripes sont simples, on enlève tout et on remplace par une guitare et une batterie. Mais ici l'écho et l'orgue ajoute une vraie profondeur à cette version très poignante.
Sonic Youth - I'm Not There: (originale chute des Basement Tapes, 1975) La meilleure reprise de Bob Dylan à mon sens, celle qui transcende littéralement une chanson déjà merveilleuse de la part de Dylan et du Band qu'il séquestrait dans sa cave. Pas grand chose à ajouter, la chanson parle d'elle-même.
Syd Barrett - Bob Dylan Blues: Et pour finir un petit hommage à Dylan de la part de l'allumé de service chez les Pink Floyd. Une parodie du Dylan de 1964, celui qui était déjà au dessus de tout le monde et qui le savait bien. Assez drôle et pas vraiment méchante, on y voit tout le talent de Barrett pour imiter les rimes et le jeu de son idole.
Rendons à César ce qui lui appartient: quelques unes de ces chansons ont été découvertes chez un grand dylanologue qui exerce ici.
Pourquoi t'as as mis la reprise de Changing of the Guards de Patti Smith?
RépondreSupprimerParce que j'allais pas toutes les mettre ! Et puis j'suis pas ultra fan de cette reprise.
RépondreSupprimerMerci pour cet hommage à Dylan (et à mon blog :)) Passe toi aussi de très bonnes fêtes et plonge toi sans faim dans le monde de Bob, on en reparle quand tu veux !
RépondreSupprimer