King Creosote & Jon Hopkins - Diamond Mine
Il faut dire ce qui est, des fois je rame un peu pour attaquer une chronique de disque. Dans ces cas là, je pars souvent sur quelques considérations concernant le musicien concerné. Mais comment aborder une collaboration ? Ne connaissant pas King Creosote, je l'ai d'abord pris pour un disque de Jon Hopkins, qui nous avait époustouflé il y a 2 ans avec le fabuleux Insides. Et puis j'écoute l'album quand même, parce que j'aime pas bien écrire à l'aveuglette, c'est un coup à raconter des conneries. Et je me rends compte que c'est pas du tout du Jon Hopkins. Qu'à cela ne tienne, ça doit être plus un disque de King Creosote. Je jette une oreille sur la discographie prolifique du folksinger écossais. Ce n'est pas non plus du King Creosote. Ca y ressemble plus qu'à du Jon Hopkins, c'est certain, mais ça n'en n'est pas. Bon Dieu, je fais comment pour démarrer ma chronique moi ? On a King Creosote qui chante et qui joue de la guitare, mais ce n'est pas du folk pour autant, et on a Jon Hopkins qui s'occupe de la prod, mais ce n'est pas de l'electronica pour autant. Non, vraiment, il y a là un mariage, une collaboration d'une intimité fascinante entre les deux artistes. Composé et enregistré sans pression d'aucun label, c'est après quelques années passées à arranger leurs chansons à leur rythme que les deux musiciens décident de sortir enfin Diamond Mine.
Cette patience et cette sérénité dans la composition transpire à travers chaque note de l'album. Il ne dure qu'une demie heure et pourtant Jon Hopkins prend le temps de l'introduire comme il se doit, avec dialogues et bruits divers sous des notes de piano. On entre dans un petit monde plein d'humilité et de convivialité qui donne d'emblée une aura très attachante à l'ensemble. S'ensuivent 6 chansons qui chacunes sont des modèles de construction bien pesée, d'une douceur à tomber. Rien n'est déplacé, rien ne paraît être en trop. Tout est mesuré avec une extrême minutie qui impressionne autant en elle-même que par les formidables résultats qu'elle obtient. Prenons les deux premières chansons par exemple. Une guitare fait gentiment la transition et la voix de King Creosote fait décoller la chanson sans forcer. Durant toute sa première moitié, elle ne repose sur rien. Elle ne fait que planer grâce à l'élan impulsé par le chanteur. Et puis, doucement, Jon Hopkins lui donne un peu d'ampleur, et lui rajoute des choeurs qui semblent venir du « Girls » de Death in Vegas. L'envolée ralentit, reprend quelques instants puis s'arrête. Six minutes et trente-trois secondes de perfection pure.
On se dit que c'est inoui, un telle habileté dans le dosage du rythme d'une chanson. Et bien, pas tant que ça, puisque l'exploit se réitère sur « Baths in the Attic », sans doute le titre le plus addictif, avec son rythme crachotant et son piano délicat. Les deux artistes viennent d'un univers bien différent, et pourtant ici ils se marient à merveille. La pureté de la voix de King Creosote, sans doute ce qui est le plus marquant, se joint parfaitement aux ambiances éthérées et discrètes façonnées par Jon Hopkins. Sans que l'on s'en aperçoive, « Running on Fumes » est passé de chanson folk à un morceau d'ambient planant. Tout à tour ils se donnent le relais, quand ils ne décident pas de courir ensemble comme sur « Bubble » ou les deux s'expriment librement sans que l'un prenne le pas sur l'autre. Le résultat est époustouflant. Enfin, les deux derniers titres semblent marquer un recul de Jon Hopkins et King Creosote s'épanche seul, de façon non moins touchante. L'unique chose que l'on pourrait reprocher aux deux artistes serait justement cette minutie et ces chansons bien calibrées qui ne prennent pas de risques. Mais sincèrement, ce serait être de mauvaise foi et gâcher volontairement le plaisir évident qu'il y a à entendre une telle succession de chansons d'une beauté pure, qui semblent d'une évidence désarmante.
Il était difficile d'attaquer cette chronique et pourtant ç'aurait été scandaleux de ne pas parler de ce disque magnifique. De toute façon, les chansons de King Creosote et Jon Hopkins ne propose qu'un angle d'attaque: la remarquable beauté qui naît de cette subtile fusion entre deux univers musicalement différents, mais émotionnellement semblables. King Creosote se contente de son rôle de songwriter et de chanteur, Jon Hopkins modère ses ardeurs électroniques pour laisser parler le musicien classique et le producteur qui est en lui. C'est de la patience que naît le bon compromis, et c'est des bons compromis que naissent les collaborations les plus fascinantes. Diamond Mine fait incontestablement partie de celles-là.
Cette patience et cette sérénité dans la composition transpire à travers chaque note de l'album. Il ne dure qu'une demie heure et pourtant Jon Hopkins prend le temps de l'introduire comme il se doit, avec dialogues et bruits divers sous des notes de piano. On entre dans un petit monde plein d'humilité et de convivialité qui donne d'emblée une aura très attachante à l'ensemble. S'ensuivent 6 chansons qui chacunes sont des modèles de construction bien pesée, d'une douceur à tomber. Rien n'est déplacé, rien ne paraît être en trop. Tout est mesuré avec une extrême minutie qui impressionne autant en elle-même que par les formidables résultats qu'elle obtient. Prenons les deux premières chansons par exemple. Une guitare fait gentiment la transition et la voix de King Creosote fait décoller la chanson sans forcer. Durant toute sa première moitié, elle ne repose sur rien. Elle ne fait que planer grâce à l'élan impulsé par le chanteur. Et puis, doucement, Jon Hopkins lui donne un peu d'ampleur, et lui rajoute des choeurs qui semblent venir du « Girls » de Death in Vegas. L'envolée ralentit, reprend quelques instants puis s'arrête. Six minutes et trente-trois secondes de perfection pure.
On se dit que c'est inoui, un telle habileté dans le dosage du rythme d'une chanson. Et bien, pas tant que ça, puisque l'exploit se réitère sur « Baths in the Attic », sans doute le titre le plus addictif, avec son rythme crachotant et son piano délicat. Les deux artistes viennent d'un univers bien différent, et pourtant ici ils se marient à merveille. La pureté de la voix de King Creosote, sans doute ce qui est le plus marquant, se joint parfaitement aux ambiances éthérées et discrètes façonnées par Jon Hopkins. Sans que l'on s'en aperçoive, « Running on Fumes » est passé de chanson folk à un morceau d'ambient planant. Tout à tour ils se donnent le relais, quand ils ne décident pas de courir ensemble comme sur « Bubble » ou les deux s'expriment librement sans que l'un prenne le pas sur l'autre. Le résultat est époustouflant. Enfin, les deux derniers titres semblent marquer un recul de Jon Hopkins et King Creosote s'épanche seul, de façon non moins touchante. L'unique chose que l'on pourrait reprocher aux deux artistes serait justement cette minutie et ces chansons bien calibrées qui ne prennent pas de risques. Mais sincèrement, ce serait être de mauvaise foi et gâcher volontairement le plaisir évident qu'il y a à entendre une telle succession de chansons d'une beauté pure, qui semblent d'une évidence désarmante.
Il était difficile d'attaquer cette chronique et pourtant ç'aurait été scandaleux de ne pas parler de ce disque magnifique. De toute façon, les chansons de King Creosote et Jon Hopkins ne propose qu'un angle d'attaque: la remarquable beauté qui naît de cette subtile fusion entre deux univers musicalement différents, mais émotionnellement semblables. King Creosote se contente de son rôle de songwriter et de chanteur, Jon Hopkins modère ses ardeurs électroniques pour laisser parler le musicien classique et le producteur qui est en lui. C'est de la patience que naît le bon compromis, et c'est des bons compromis que naissent les collaborations les plus fascinantes. Diamond Mine fait incontestablement partie de celles-là.
King Creosote & Jon Hopkins - Bats In The Attic by DominoRecordCo
Cher Spiro
RépondreSupprimerTu me permettras de te donner du Spiro et du tu, mais tu es entré dans mon intimité ces derniers temps en taggant partout mes sites les plus réguliers.
La flemme + le manque de temps faisant, je n'arrive enfin sur ton site que ce petit matin bruineux d'un dimanche landais plein de courbatures (hier, c'était motoculteur comme activité, je ne te raconte pas).
D'abord, la sobriété graphique et ce fond d'écran magnifique m'interpellent.
Ensuite, flute, un classement qui ressemble au CDG de Thom : serait-ce un side project du Golb ? depuis le faux fake Dahu Clipperton, on n'avait vu plus troublant.
Enfin, je déroule et dès la première chronique (en fait la dernière mais la première à défiler) je rencontre cet album que je suis en train de découvrir en direct grâce à Arbobo, qui m'a envoyé un sms du genre : écoute le KC, tu devrais aimer, toi qui adore Talk talk.
De fait, cet album a une subtilité qui s'en rapproche fortement, même si les chansons sont courtes, presque classiques dans leur facture, et surtout loin du romantisme lamartinien de Hollis.
il y a quand même un petit côté Antony (& the Johnsons) voire Cascadeur qui me plait et qui m'agace à la fois.
Mais quand même, je retiendrai parmi tout ce que tu dis cette phrase parmi d'autres "Tout est mesuré avec une extrême minutie qui impressionne autant en elle-même que par les formidables résultats qu'elle obtient". Tutafé !
Je ne connaissais ni l'un ni l'autre de ces artistes.
et je sens que cet album pourrais s'inscrire dans mes récurrences des mois et des années à venir.
Ou pas.
Je pioche des idées sur tous les blogs que je suis, donc oui il y a un peu du Golb, mais pas que (il y a surtout de moi ahah). Mon classement est d'ailleurs relativement original par rapport aux autres !
RépondreSupprimerSinon pour King Creosote je suis d'accord avec toi, c'est assez classique, et la mise en avant de la voix peut énerver, mais la sienne est beaucoup moins dégoulinante que Antony.
disque totalement addictif
RépondreSupprimersale connard 2 face de craie avec ta zik pourri de bouffeur de porc ta pas autrechose a écouter ? vive le rap
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