Vite fait bien fait: Hubert-Félix Thiéfaine / Josh T. Pearson / Moriarty

Plusieurs disques sur lesquels je n'ai pas trouvé suffisamment à dire pour en faire une chronique à part entière. Alors voici rapidement ce que j'en ai pensé, avec une première salve aujourd'hui, et une seconde demain.

Hubert-Félix Thiéfaine – Suppléments de mensonge

Je suis assez surpris que cet album qui a tout pour ravir les amateurs de chanson française soit sorti dans une indifférence quasi-totale, après quand même 6 ans d'absence. Hubert-Félix Thiéfaine est pourtant depuis plus de 30 ans une référence et ce dernier album ne fait qu'affirmer sa forte identité. Inspiré autant par la poésie d'Edgar Poe que par la peinture d'Edward Hopper, Thiéfaine scande des textes cultivés mais pas prétentieux, qui s'étendent jusque dans des proportions faramineuses comme dans « Les ombres du soir ». Le plus remarquable est sans doute le travail sur les arrangements, qui apportent une réelle valeur ajoutée aux textes du chanteur et contribuent à renouveler dans une certaine mesure la pop-rock scandaleusement mélancolique qui le caractérise. Ils dressent une atmosphère sombre, que viennent percer parfois quelques élans de légèreté par l'incursion toujours bien dosée de cuivres, cordes ou harmonica. Certes l'interprétation de Thiéfaine reste assez académique et ce nouvel album n'est pas un pavé dans la mare de la chanson française, mais quand on écoute des chansons d'une si grande qualité que « Petit matin 4.10 heure d'été », on se dit qu'il serait bien dommage de passer à côté de Suppléments de mensonge, preuve qu'un des plus anciens représentants de la chanson française reste parmi les plus talentueux. 






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Josh T. Pearson – Last of the Country Gentlemen

Josh T. Pearson est un de ces chanteurs qui ressemblent à Jesus, et tel le Messie il revient après 10 ans d'absence totale avec un album de folk qui ne connait aucune limite. Il affirme pourtant « Sweetheart, I Ain't Your Christ », comme pour montrer qu'il s'est éloigné de Lift to Experience. Il conserve cependant un sonwriting débridé, qui semble être le fruit d'une pure improvisation, comme le chant désespéré d'un homme qui traîne un lourd fardeau (la pochette semble en témoigner). Voilà qui pourrait résumer assez facilement cet album, duquel émane un profond désespoir qui s'étire dans des chansons fleuves qui ne progressent qu'au gré des envies du chanteur. Absolument imprévisible, le songwriting de Josh T. Pearson est donc souvent très hermétique, et on peut écouter l'album plusieurs fois sans jamais vraiment saisir la beauté de l'ensemble. Et cela n'est pas exclusif aux chansons longues, puisque « Sorry with a Song » me touche autant voire plus que « Thou Art Loosed ». Moi qui ait de plus un peu de mal avec ce « free-folk » qui offre trop peu d'aspérités auxquelles s'accrocher pour gravir tout l'édifice, Last of the Country Gentlemen restera un de ces albums qui me filent entre les doigts et me laissent l'impression de ne jamais les avoir écouté. 








A lire également sur Playlist Society. En écoute sur Spotify.

Moriarty – The Missing Room

Le retour du groupe franco-américain après le grand succès de Gee Whiz But This Is a Lonesome Town. Pas d'erreur sur la marchandise, Moriarty continue de distiller une musique acoustique nourrie de tout ce qui fait la musique traditionnelle américaine, avec harmonica, dobro et bien sûr la voix charmeuse de Rosemary Standley. D'un bout à l'autre de l'album le groupe parvient à attaquer avec un angle toujours différent une musique pourtant remarquablement homogène, et surtout portée par des sonorités blues. C'est un plaisir de retrouver la bonne humeur et le talent de ces musiciens qui montrent un vrai amour pour leur musique à travers des morceaux toujours riches et entrainants. On peut regretter que la musique de Moriarty ne dépasse jamais vraiment l'ordre du sympathique, mais on ne peut nier la réelle qualité du songwriting, ni l'inventivité dont font preuve chacun des membres du groupe pour ne jamais tomber dans la redite. The Missing Room contient ainsi quelques morceaux mémorables, comme « Julie Gold's Candy Cane Tale » ou « Clementine ». Moriarty confirme donc tout le bien qu'on pensait de lui, et ses prochains concerts seront sans doute de très bons moments à ne pas rater. 






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Commentaires

  1. je n'avais jamais trop été attiré par les disques de moriarty mais là, je dois dire que cet album m'a charmé, dont le titre "isabella" que le trouve absolument délicieux.
    Thiéfaine ça n'a jamais été ma came, ça m'étonnerait que ça change. quant au Josh T. Pearson il est dans mes écoutes du moment.

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  2. Franchement je suis pas un gros fan de Thiéfaine en général, mais cet album est une bonne surprise. Quant au Moriarty: très attendu de leur part, mais pas moins plaisant.

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  3. Thiéfaaaaaaaine <3
    Cet album est une pure merveille.

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  4. J'adore Thiéfaine, et j'ai pas encore eu le temps de l'écouter encore. J'ai été bercé au live de 1998. Sa voix me tue à chaque fois. J'adore ce mec. Et là, après 30 secondes du premier titre, je peux le dire, j'adore cet album aussi.

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  5. J'avais bien aimé la reprise que t'avais faite de "La fille du coupeur de joints" d'ailleurs. Ca me rappelle que t'as fait quelques bonnes chansons et que ça fait un bail qu'on a rien entendu! :)

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  6. J'ai plus le temps. Je m'ennuie plus assez pour faire de la musique. Et j'ai plus d'idées non plus, d'ailleurs. :)

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