Top 5: Tom Waits

Comme pour chaque nouvel album de Tom Waits, la presse va s'en donner à coeur joie de vous rappeler à quel point l'artiste est culte et incontournable. Une légende vivante en gros. Mais cette fois-ci, vous n'avez pas envie de culpabiliser dans votre coin, d'être exclu des conversations et de marmonner « Bah il doit pas être si culte que ça si j'en ai jamais entendu une chanson de ce type... ». Ca fait de la peine à tout le monde. Heureusement, j'ai moi aussi été dans votre situation. C'était il y a 3 ans je crois, et comme je suis très fier et orgueilleux, j'ai écouté (quasiment) toute la discographie de Tom Waits. Plusieurs fois, pour être bien sûr. J'en ai conclu que j'appréciais de manière assez inégale chacun de ses disques (j'suis trop jeune, ça doit être ça). Mais je décide tout de même de vous venir en aide (quoique je ne m'adresse peut-être qu'à des fans de Tom Waits, imaginez le bide... bref) en vous révélant les 5 meilleurs albums de l'homme à la voix cassée! (Wow! Génial! Enorme!) Ca me fait plaisir.

5- Nighthawks at the Diner (1975)

Autant vous le dire tout de suite, les premiers albums de Tom Waits c'est pas trop ma tasse de thé. Les truc de crooner sur jazz léger, ou les ballades dylanniennes au piano (pour Closing Time, que j'aime bien malgré tout), tout ça c'est pas assez de mon époque pour que j'arrive à accrocher. Pourtant, pourtant, cet album là, je l'aime bien. Enregistré devant un public restreint, il baigne dans une ambiance bien particulière, avec le Tom qui fait des blagues entre chaque chanson, et qui adopte un débit parfois plus proche de la poésie scandée que du chant de crooner. Tout ce qui peut me gêner dans le Tom Waits de cette époque se trouve résolu par quelques vannes, des rires et des applaudissements. Juste ce qu'il faut pour rentrer dans son univers, et y succomber.




4- Bone Machine (1992)

On fait un bond dans le temps, et forcément c'est plus tout à fait la même chose. Les chansons sont assez difficiles à définir, constitués de bruits vaguement rock sur lesquels Tom Waits « chante », en faisant un peu n'importe quoi avec sa voix (« All Stripped Down »). Mais Bone Machine ne se réduit pas à ça, puisqu'on y trouve vraiment de tout, du blues décharné ou des ballades croonées comme dans le temps. L'âme de cet album c'est sans doute ça, on y ressent une profonde liberté, en même temps que s'en dégage une atmosphère particulière, comme dans une pièce mal éclairée et pauvre en humidité. Ses percussions bricolées caractéristiques et ses bruits divers déconstruisent l'album à chaque fois qu'on semble y percevoir un embryon de chanson classique. Bone Machine est une expérience troublante et fascinante, notable dans la discographie de Tom Waits, qui ne manque pourtant pas de trucs bizarres.




3- Mule Variations (1999)

Voilà un album réalisé de façon plus homogène, qui est de fait plus accessible, même si cela reste à définir quand on parle de Tom Waits. Tournant essentiellement autour de sonorités blues et folk, Mule Variations est l'album à conseiller à tout néophyte, car c'est sans doute un de ceux où les chansons s'accordent le mieux avec la voix inimitable du bonhomme, tout en conservant leur personnalité. Relativement récent, cet album fait pourtant déjà figure de classique tant par la qualité de ses chansons que par l'aspect intemporel qui transparait (assez caractéristique de Tom Waits du reste). Et c'est sans doute pour ça que Tom Waits est « culte », parce que c'est un des rares artistes à sortir un de ses meilleurs albums plus de 25 ans après son début de carrière (avec Dylan, Neil Young et Bowie, au pif.)




2- Heartattack and Vine (1980)

Je suis tombé amoureux de cet album dès les premières notes de la chanson éponyme. Et ce n'est pas une formule pour faire bien, c'est précisément ça. Heartattack et Vine c'est une guitare saturée mais discrète, un peu d'orgue, de saxophone, et roulez jeunesse. C'est souvent avec peu d'ingrédients qu'on fait les meilleurs plats, en voilà la preuve. Le jazz effacé des débuts s'est transformé en blues chaleureux, qui sait prendre les devants quand il le faut (« In Shades »), et qui transforme chaque chanson en morceau de bravoure dont on prie pour qu'il ne s'arrête jamais. La voix de Tom Waits n'a jamais été aussi enrouée (à un point où ça devient difficile à supporter par moments), et elle survole chaque chanson avec une aisance et un rythme incroyable. Tantôt mélancolique et tantôt gouailleur, le chanteur est dans un grand jour, et ça s'entend. Absolument magnifique du début à la fin, Heartattack and Vine est indispensable.




1- Rain Dogs (1985)

Voilà un choix beaucoup moins personnel, mais pourtant, que j'aime cet album! Tom Waits poursuit le virage entamé par Swordfishtrombones, et nous sort un album qui ne ressemble à plus grand chose de connu, et c'est sans doute pour ça qu'il est si marquant dans sa discographie. La musique mélange allègrement rythmique de cuivres chaloupée, guitares au son sec en roue libre, et divers instruments qui participent au gros bordel général. Mais malgré ce sentiment qu'on y trouve n'importe quoi, Rain Dogs garde la même ligne directrice, à savoir des chansons rythmées et très épurées, qui créent au final une atmosphère totalement étrange et surréaliste, comme un mélange entre la foire bizarre de Freaks et l'enfermement absurde et inquiétant de Down by Law (dans lequel joue Tom Waits, et Jarmusch a d'ailleurs emprunté le fameux « Jockey Full of Bourbon »). Tom Waits parvient à être inventif musicalement et à conserver son talent de songwriting, sans pour autant devenir abscons. Fondre son imagination débordante dans la simplicité d'une poignée de chansons, voilà le grand talent de Tom Waits, qui éclate dans Rain Dogs. Plus qu'un grand album dans sa discographie, c'est un chef d'oeuvre tout court.

Commentaires

  1. je réecoute Blue Valentine et pas une chanson à jeter .
    j'adore cet album. le tom waits avt gardiste d'apres swordfish parfois me fatigue . est moins "visuel", moins romantique ; j'adore dans cet album l'equilibre entre la folie waitsienne et la tradition du grand genre crooner jazz. et aussi comment il zozote a la place des 's'
    eh pachuco!

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