Le groupe des 23 albums 2017
James Holden & the Animal Spirits - The Animal Spirits
Il joue à un poste où on le juge pour
ses envolées et la fermeté de ses mains, pourtant il a vite fait de
se démarquer pour son aisance balle au pied. Son profil contrarié
surprend ses adversaires qui ne savent plus comment l'aborder, alors
qu'il se revèle excellent dans tous les domaines. Musicien
électronique féru d'analogique, James Holden est ce joueur brillant
dans l'art du contrepied, c'est Marc-André Ter Stegen.
Four Tet - New Energy
Très tôt étincelant à un poste-clé
dans une maison connue pour regorger de talents, il s'est vite fait
absorber par les changements de modes et les aléas d'une carrière
déjà couronnée de succès. Aujourd'hui dans l'ombre, on le croit
disparu mais les quelques uns qui ne l'ont pas oublié retrouvent
dans un registre plus modeste le talent du joueur qu'il a été. Four
Tet est l'ailier virevoltant reconverti en latéral de devoir, c'est
Antonio Valencia.
Grizzly Bear - Painted Ruins
Certains diront qu'on l'a vu trop beau,
trop tôt, d'autres qu'il a été grillé par une médiatisation
excessive à ses débuts. Toujours est-il qu'il n'a jamais paru en
meilleure forme que maintenant qu'on ne lui donne plus la charge
d'être à la hauteur d'un héritage encombrant. Grizzly Bear est ce
joueur qu'on a fini par oublier alors même qu'il réalise enfin la
carrière qu'on lui promettait, c'est Raul Albiol.
Courtney Barnett & Kurt Vile – Lotta Sea Lice
Il se révèle en ressuscitant le style
du défenseur central à l'ancienne, rugueux et sans concession. Ce
joueur contre-révolutionnaire a pourtant su s'adapter à la
modernité en devenant finalement un des tout meilleurs de sa
catégorie, avec une régularité qui n'a d'égale que son calme
frôlant l'indifférence face aux louanges qu'on lui sert. Kurt Vile
est ce joueur old-school qui n'est jamais aussi à l'aise qu'en
travaillant en binôme, c'est Diego Godin.
Kendrick Lamar –DAMN.
A ses débuts on louait sa créativité
et son jeu explosif, dans la lignée des grands noms l'ayant précédé
à ce poste. Régulièrement cité parmi les meilleurs de sa
catégorie, il continue à chaque apparition de parfaire son jeu et
de se rendre indispensable en toutes situations. Capable de beaucoup
mais réalisant toujours des choix intelligents, il ne voit plus
beaucoup de concurrents autour de lui lorsqu'il s'arrête pour
prendre du recul. Kendrick Lamar est ce latéral en train d'écrire
l'histoire de son sport, c'est Marcelo.
Idles – Brutalism
Il incarne la brutalité nécessaire
dans une équipe vouée à briller. Passionné des basses besognes,
il tacle avec panache quand d'autres ont peur de salir leur short.
D'une grande honnêteté quant à son rôle sur le terrain, il se
montre pourtant capable de coups d'éclat qu'on ne lui soupçonne
pas, laissant ainsi devener un esthète caché sous les crampons.
Idles est ce milieu besogneux mesestimé et pourtant indispensable,
c'est Casemiro.
Orelsan – La fête est finie
Habitué du championnat français, on
ne peut pas dire qu'il s'épanouisse sous les projecteurs. Joueur
versatile mais rarement décevant, il s'impose après plusieurs
saisons comme une référence du championnat, particulièrement pour
ceux qui n'hésitent pas à suivre les matchs du Stade Rennais le
samedi soir au bar des sports. Adulé par les supporters d'une partie
de la France périphérique, méprisé par les plus grands, Orelsan
« le blanc qui se prend pour un négro » est ce bon
joueur de Ligue 1 qui joue comme un brésilien, c'est Benjamin André.
Vince Staples – Big Fish Theory
Repéré par les spécialistes depuis
quelques années, ce joueur progresse pourtant sous les radars du
grand public alors que chacune de ses performances porte le signe
d'une carrière très prometteuse. Il a fallu qu'un club médiatique
tente le pari pour que le monde réalise enfin à quelle star en
devenir il avait affaire. Impeccable sur tous les plans, sachant être
tour à tour agressif et techniquement élégant, il y a fort à
parier qu'il sera un joueur marquant pour son pays. Vince Staples est
ce joueur pour hipster en passe de percer auprès du grand public,
c'est Naby Keita.
Flotation Toy Warning – The Machine that Made Us
On l'a rencontré sans s'y attendre, et ce fut le coup de foudre immédiat. D'une élégance comme on en fait
plus, il paraissait sorti d'un autre temps. Evidemment, il a fait
naître en nous l'espoir fou de le voir règner sur sa discipline
comme il le méritait. Las, on a dû attendre en vain que les
planètes s'alignent, chaque retour étant finalement avorté. Et
même si maintenant on ne retrouve que par bribes les traces de
l'émotion qu'il a pu faire naître en nous, c'est assez pour
maintenir le culte. Flotation Toy Warning est ce joueur comète, rare
mais toujours éclatant, c'est Javier Pastore.
King Krule – THE OOZ
Il y a des joueurs qui montrent dès
leurs débuts qu'ils ont un fort potentiel. Une entrée fracassante
pour commencer, quelques matchs où il crève l'écran, et la
promesse qu'un jour ils feront partie des meilleurs. Alors, quand
cette promesse est enfin consacrée par un enchaînement de match de
haut niveau, où l'on voit autant la fougue intacte que la prise de
maturité, c'est le frisson. On ne sait pas où ça va s'arrêter,
mais c'est déjà beau d'y assister. King Krule est ce joueur qui
montre enfin à tout le monde l'étendue de son potentiel en jouant
comme s'il avait toujours été là, c'est Leroy Sané.
LCD Soundsystem – american dream
On pensait avoir tout vu, et ne plus
rien voir. On pensait que c'était fini, et que ce joueur était
perdu, lui qui avait su allier autour de lui toutes les sensibilités
de ce sport dans des moments de grâce. Il a fallu la rencontre d'un
sage pour qu'il remette enfin le couvert. On le retrouve donc avec un
peu plus de gravité, mais on peut encore percevoir sa
personnalité qui le plaçait au centre des débats sans jamais faire
consensus pour autant. Terriblement efficace et refusant toujours les
concessions, LCD Soundsystem est ce joueur qui ne s'arrêtera pas
avant d'avoir convaincu tout le monde de son talent, c'est Mario
Balotelli.
Sur le banc
Oh Sees – Orc est: David De Gea
Ca fait un moment qu'il est là, bien
placé, même si on n'ose pas encore dire que c'est le meilleur.
Mount Kimbie - Love What Survives est: Raphael Varane
Très précoce et prometteur, il est
aujourd'hui rentré dans le rang en conservant toutes ses qualités.
Ghostpoet – Dark Days + Canapes est: Illkay Gundogan
On le sait capable du meilleur mais on
ne sait pas encore quand il arrivera à briller avec régularité.
Baxter Dury – Princes of Tears est: João Moutinho
Tranquille, il joue sans faire de
vagues mais dès qu'on l'observe on recônnait la patte des grands
joueurs.
Ty Segall – s/t est: Mohamed Salah
Mais quand s'arrêtera t-il ?
Infatiguable, il fait feu de tout bois et continue d'impressionner
dans un style pourtant rudimentaire.
Mac Demarco – This Old Dog est: Simone Zaza
Fatigué de n'être pas pris au
sérieux, il décide de changer pour convaincre plus de monde. Grand
bien lui en a pris, même si on perd en originalité ce qu'on gagne
en efficacité.
Mount Eerie – A Crow Looked at Me est: Yoann Gourcuff
Il a toujours provoqué des opinions
diverses par sa capacité à être brillant sans vouloir s'adapter au
jeu moderne, sa vie fut parsemée d'embûches, donnant à son jeu un
côté d'autant plus mélancolique.
Réservistes :
OCS – Memory of a Cut Off Head est Sergio Rico : Sympathique
remplaçant qui fait l'affaire quand on lui demande, mais encore dans
l'ombre du titulaire.
The War on Drugs – A Deeper Understanding est Chris Smalling :
On ne sait pas encore s'il doit être titulaire ou remplaçant, s'il
c'est un crack ou juste un bon joueur, en tout cas il est toujours
là, fidèle au poste, et nous aussi.
Forever Pavot – La pantoufle est Aleksandar Kolarov :
Le défenseur qui voulait être attaquant, il surprend par des
qualités étranges dans sa catégorie tout en ayant du mal à cacher
ses défauts.
Julien Baker – Turn Out the Lights est Miralem Pjanic : Un peu
fragile pour son poste, mais la subtilité de son jeu et l'élégance
de ses passes valent le coup d'oeil.
The Black Angels – Death Song est Wayne Rooney :
Joueur d'un autre temps qu'on pensait sur la fin de sa carrière, et
qui pourtant retrouve sa forme en revenant à ses racines, on est
ravis pour lui.
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