Gorillaz - The Fall

Enfin de retour après une bonne période de vacances qui était nécessaire, malheureusement. J'ai du pain sur la planche, et comme j'ai pas encore pris le temps de m'organiser, je vais parler aujourd'hui d'un album dont sûrement personne n'a parlé, que peut-être personne n'a pris le temps d'écouter, à savoir cet album de Gorillaz diffusé gratuitement le jour de Noël, et qui sortira pour de vrai en février il me semble. Voyez comme je suis malin, à la fois en retard et en avance... Gorillaz a beau m'avoir un peu déçu cette année avec son Plastic Beach, j'avais bien envie d'entendre ce que Damon Albarn avait à nous proposer. Pourtant cela ne démarrait pas sous les meilleurs auspices, vous connaissez maintenant l'inconfort que j'ai à écouter des albums diffusés gratuitement. Damon en rajoute en déclarant carrément qu'il a fait cet album entièrement sur son iPad parce qu'il s'emmerdait pendant sa tournée. Le côté "iPaddy" de l'album ne m'attire pas particulièrement je dois dire, et le côté "passe-temps" non plus.

C'est donc un album forcément moins travaillé que Plastic Beach et a fortiori des productions précédentes que Damon Albarn nous livre, même si j'avoue être particulièrement impressionné par le fait qu'il ait pu sortir tout ça rien qu'avec un iPad. Je ne suis pas un grand aficionado des technologies dernier cri, mais je m'incline là dessus. Je dis bien Damon Albarn et pas Gorillaz car on le retrouve pas vraiment toute l'ambiance de Gorillaz dans cet album. Pas de concept particulier, pas de featuring à la pelle (on ne retrouve que les compagnons de route habituels, Mick Jones, Paul Simonon et Bobby Womack). En somme, ce n'est que 2D, tout seul, avec une guitare et un iPad. C'est donc pourquoi la plupart des chansons rappellent un peu l'ambiance de "On Melancholy Hill", simple, paisible, à écouter de bon matin en ouvrant ses volets. Une journée de plus qui commence, ni de bonne ni de mauvaise humeur. C'est l'automne, simplement. De ce point de vue là, Damon Albarn a bien su exprimer ce qu'il ressentait durant sa tournée. 

Etant seul et diffusant The Fall gratuitement, Damon Albarn s'est permis de faire un peu ce qu'il voulait. La plupart des chansons ne sont pas ouvertement pop et prêtes à passer à la radio comme on en trouve souvent dans la album de Gorillaz. Mais on retient surtout "Revolving Doors" et "Little Plastic Bags", qui sont les deux chansons qui synthétisent le mieux pour moi cet album, avec leur rythme laconique, et ce chant de Damon Albarn si caractéristique. On note aussi la présence récurrente de la guitare acoustique, qui accentue l'aspect "home made" de The Fall. A côté de ça, beaucoup de chansons sans prétention, reposant sur une ou deux trouvailles de Damon sur son iPad, et qui passent toute seules, qui font aussi plaisir qu'un chocolat chaud au coin du feu, quand les feuilles et la nuit tombent. Un peu de simplicité qui font plaisir à voir de la part de Gorillaz après le single putassier "Doncamatic" qui avait achevé de me décevoir.

Le pendant obscur du homemade, c'est les petits trips qui ne doivent amuser que Damon lui-même, comme les expérimentations parfois très ennuyeuses, dont l'expression la plus frappante se trouve dans l'introduction de "To Speak It Mountains", avec l'utilisation du delay genre "Eh ! Regardez ce qu'on peut faire !"... Heureusement que cela ne revient pas trop souvent, Damon reste un professionnel qui semble vouloir plaire à ses fans quand même (ce sont d'ailleurs les membres du fan-club qui ont pu recevoir l'album gratuitement le jour de Noël, les autres devant se contenter du streaming). Son association avec Bobby Womack, assez surprenante au début, n'en finit plus de nous enchanter, avec ce très bon "Bobby in Phoenix", qui mélange parfaitement l'univers soul et blues du chanteur avec cette pop mélancolique de Damon Albarn. La preuve que Damon Albarn n'a pas encore épuisé toutes les ressources de son talent, ce qui me fait extrêmement plaisir.

Cet album, bien loin de l'énorme et boursouflé Plastic Beach, se concentre sur quelques aspects de la musique de Gorillaz assez négligés jusqu'à présent: l'évidence de la pop, la mélancolie du rythme et des mélodies, sans oublier pour autant ce mélange des genres qui a fait son succès, même s'il est beaucoup moins explicite ici. The Fall est bien plus homogène et moins inégal que son prédécesseur, et il mérite d'être écouté attentivement pour cette simple raison, pour ne pas rester sur cette année 2010 en demi-teinte pour Damon Albarn. Il est vrai qu'il n'a pas a proprement parler de single très porteur comme on a l'habitude, mais au moins cela évite d'avoir un album pauvre, peinant à soutenir le génie de quelques chansons, et ça fait plaisir à voir.


 

En écoute libre ici: http://thefall.gorillaz.com/

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