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Affichage des articles du mars, 2011

King Creosote & Jon Hopkins - Diamond Mine

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Il faut dire ce qui est, des fois je rame un peu pour attaquer une chronique de disque. Dans ces cas là, je pars souvent sur quelques considérations concernant le musicien concerné. Mais comment aborder une collaboration ? Ne connaissant pas King Creosote, je l'ai d'abord pris pour un disque de Jon Hopkins, qui nous avait époustouflé il y a 2 ans avec le fabuleux Insides . Et puis j'écoute l'album quand même, parce que j'aime pas bien écrire à l'aveuglette, c'est un coup à raconter des conneries. Et je me rends compte que c'est pas du tout du Jon Hopkins. Qu'à cela ne tienne, ça doit être plus un disque de King Creosote. Je jette une oreille sur la discographie prolifique du folksinger écossais. Ce n'est pas non plus du King Creosote. Ca y ressemble plus qu'à du Jon Hopkins, c'est certain, mais ça n'en n'est pas. Bon Dieu, je fais comment pour démarrer ma chronique moi ? On a King Creosote qui chante et qui joue de la guitare, mai

The Pains of Being Pure at Heart - Belong

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Souvenez-vous le printemps 2009. Ils étaient jeunes, et ils avaient tout pour plaire. Une pochette digne de Belle and Sebastian, une musique très typée mais très attachante, qui faisait le trait d'union entre les Smiths et Jesus and Mary Chain. Et puis, malgré cette britannophilie musicale, ils venaient de Brooklyn, ce vivier d'artistes indépendants à succès sans égal dans le monde. Leur premier album était pétri de tubes, ils réveillaient en nous une mélancolie adolescente dans un tourbillon de guitares qui achevait de nous séduire. On était sous le charme, on les aimait, c'était The Pains of Being Pure at Heart. Ces 2 années sont passées bien vite. Entre temps j'ai dû écouter une centaine de fois « Young Adult Friction », qui sonne à chaque fois comme le souvenir d'une amitié passagère. Et ils nous reviennent aujourd'hui alors qu'on ne s'y attendait pas. Un peu naïvement, je pensais conserver pour toujours la fraîcheur de notre première rencontre. Mais

Vite fait bien fait: The Finkielkrauts / Jeremiah Jae

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The Finkielkrauts - Smog EP Vus en concert il y a quelques temps, les Finkielkrauts m'avaient mis une sacrée claque. Leur rock nerveux et sombre, qui savait faire le dosage entre groove et dissonances était du genre à vous rester fiché dans les oreilles pour un bon moment. Ce qui est marrant, c'est que ça faisait longtemps que je les connaissais, à force d'en entendre parler par quelques uns de mes potes de Tours, ma ville d'adoption. Mais il a fallu que je déménage pour me rendre à l'évidence que j'ai cotoyé sans le savoir un excellent groupe pendant 2 ans. Distance, premier EP sorti chez Another Records l'an dernier balançait cinq chansons explosives et noise mâtinées d'un certain côté pop, et on plaçait déjà de grands espoirs dans ce groupe prometteur. C'est maintenant Smog que les cinq jeunes désormais dispersés aux quatres coins de la France nous envoient en pleine face. Et ça ne rigole plus. Toute la demi-heure de l'EP baigne dans une a

L'ennemi est con, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui

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« T'sais quoi ? Vous êtes une génération de branleurs ! C'est vous qui pourrissez la France ! » Une poignée de main hypocrite et nos chemins se séparent, enfin. Il doit être plus de 5h du matin, et c'est ainsi que se termine la discussion avec A, 33 ans, chef de rang dans un restaurant du vieux Rennes. C'est dommage parce que ça avait bien commencé. On rentrait de soirée un peu éméchés, on se pose sur un escalier avant de rentrer chez nous. On parlait d'amour, la vie était belle, les oiseaux commençaient à chanter. Et puis un mec nous interromp, il rentre chez lui après une journée de taf et une petite escapade en bar de nuit. Il a envie de parler à des jeunes, de se confier. Parce qu'il revient du centre, et que là-bas il a vu tous ces branleurs complètement bourrés et que ça l'a énervé, il aime pas cette génération de jean-foutistes. Mais il nous a trouvé cool. « Tu sais, on est pas complètement frais non plus... » Ouais mais nous on est posés là, tranquil

Skins - Saison 5

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ATTENTION SPOILERS ! Pour la deuxième fois depuis le début de la série, les créateurs de Skins ont décidé de changer totalement leur casting. On le savait, et on ne l'attendait pas avec une excitation particulière, le dernier changement de casting n'ayant pas été une totale réussite. Mais revenons en arrière: qu'est ce que Skins ? Présentée comme une autre série sur les ados, en avançant l'argument d'un réalisme plus cru, Skins est pourtant bien plus que cela. Avant toute chose, Skins est un concept. Celui de suivre un groupe de jeunes dans le lycée de Roundview à Bristol. La première saison nous introduit les personnages, et la seconde développe une intrigue souvent plus profonde. Skins c'est une esthétique devenue rapidement identifiable, entre une photographie colorée sans être criarde qui semble retranscrir la fraîcheur désenchantée de la jeunesse anglaise, et une mise en scène intime qui explose dans des grands moments d'intensité. Skins c'est aus

Viol - Gun Street

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Depuis un moment que je traîne sur les blogs, le nom d'Ernesto Violin m'est devenu familier. Je l'ai toujours considéré comme un obscur chanteur français un peu bizarre au pseudo faussement subversif (Viol*). Bref, comme on ne peut pas tout écouter, j'ai passé mon chemin. Mais la force de persuasion de Thomas, tenancier du Golb, a enfin eu raison de mon indifférence. Je me renseigne donc sur cet artiste intriguant qui est bien loin d'être ce que je pensais, puisqu'il est au contraire au cœur d'une bataille menée par une poignée de blogs pour le faire reconnaître par plus de monde que son petit cercle de fans. Loin d'être prétentieux, Ernesto Violin est en fait un musicien discret et modeste, mais pourtant extrêmement talentueux.  Je ressens soudain le désir irrépressible de m'enfiler toute sa discographie, déjà riche de 6 albums et un EP, la majeure partie étant sortie depuis seulement 3 ans. Ce grand passionné de littérature (particulièrement de Bar

Shapes Have Fangs - Dinner in the Dark

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Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le garage est un art délicat. Ou du moins l'est-il devenu à notre époque. Car après plus de quatre décennies d'existence, faire du garage aujourd'hui peut apparaître comme une solution de facilité, comme un exercice qui demande peu d'efforts. Force est de contaster qu'on ne pourrait se tromper davantage. Essayons d'imaginer quelques secondes le nombres de jeunes qui font du rock dans leur garage, rien qu'aux Etats-Unis. Comparé aux nombre très réduits d'albums de garages qui traversent les mailles du filet pour arriver entre les mains d'un blogueur français (breton de surcroit), on comprend qu'il y a eu un écrémage énorme. Et on ne peut oser affirmer que les quelques élus n'ont pas fait preuve d'une certaine virtuosité dans l'art de sonner brouillon. Aujourd'hui c'est le groupe texan de Shapes Have Fangs qui nous intéresse, venant d'Austin, foyer musical réputé pour son roc

The Strokes - Angles

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-Salut mec, ça va ? -Ca va. Tu reviens du studio ? -Ouais, j'ai tapé la causette avec un ingé-son, mais j'me faisais chier alors... -Ouais la même. T'as vu le mot de Julian ? -Non, où ça ? -Sur la porte. En gros il explique ce qu'il veut pour l'album. Apparemment il pourra pas beaucoup être là pendant l'enregistrement. Et sinon bah... j'sais plus trop. En gros faut pas qu'on s'emmerde, on fait ce qu'on sait faire. De toute façon on a pas trop le choix, si on se voit jamais j'vois pas bien comment on pourrait innover. Et puis... je crois que c'était tout. -Ouais enfin il est gentil mais moi j'aimerais bien changer un peu. -Oh tu sais tu peux bien faire ce que tu veux, j'pense pas Julian viendra repasser derrière nous...  [...] -Salut mec, ça va ? -Ca va. Tu reviens du studio ? -Ouais. T'sais j'ai fait comme tu m'as dit, j'me suis pas pris la tête pour mes parties guitares. Et puis Julian il me fait rigole

Drums not dead

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Ca faisait longtemps que j'avais pas fait de playlist, alors je fouille dans mes tiroirs pour vous en dénicher une que j'aime bien. Pour chaque instrument j'ai un musicien préféré, mais il y en a certains où c'est plus compliqué. Pour la batterie, ça varie d'un morceau à l'autre, même si évidemment il y a des batteurs qui me fascinent systématiquement. Le batteur c'est toujours le mec le plus fun à regarder en concert, et d'ailleurs une bonne partie des morceaux que j'ai choisi sont ceux de batteurs que j'ai vu en concert. La batterie va imprimer un rythme qui vous reste gravé dans la tête pendant longtemps, elle va concrétiser une tension ou une explosion par un break ou un changement de rythme. Bref, la batterie c'est le pied, et voici donc dix morceaux menés tambour battant par des batteurs qui n'ont pas peur d'abimer leur baguettes. Requiem pour un con - Serge Gainsbourg : Un grand classique pour commencer, avec ce rythme de b

Vite fait bien fait: Wagon Christ / FaltyDL

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Wagon Christ - Toomorrow Luke Vibert, un des grands pontes de la musique électronique à la discographie immense, ressuscite Wagon Christ, projet débuté dans les 90's et abandonné en 2004. Sorti chez Ninja Tune, Toomorrow est dans la directe continuité des précédents albums sorti sous ce pseudo. Luke Vibert ressort tous ses vieux disques du placards et nous sert quinze morceaux qui montrent une incroyable diversité dans les samples utilisés. Tout ce grand bazar sonne très funky, avec un aspect IDM non négligeable tout de même, car la production de Vibert reste incroyable et on se fait toujours surprendre par tel ou tel son venu de nulle part. Que ce soit les sirènes de police de « Respectrum » qui rappelle un générique de série policière ou bien l'intro de « Oh, I'm Tired » qui sample « The Avalanche » de Leonard Cohen (oui oui !), chaque morceau contient son lot de surprises et Luke Vibert semble s'amuser comme un gamin à faire ses collages. Toomorrow est en fait un

Vite fait bien fait: Hubert-Félix Thiéfaine / Josh T. Pearson / Moriarty

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Plusieurs disques sur lesquels je n'ai pas trouvé suffisamment à dire pour en faire une chronique à part entière. Alors voici rapidement ce que j'en ai pensé, avec une première salve aujourd'hui, et une seconde demain. Hubert-Félix Thiéfaine – Suppléments de mensonge Je suis assez surpris que cet album qui a tout pour ravir les amateurs de chanson française soit sorti dans une indifférence quasi-totale, après quand même 6 ans d'absence. Hubert-Félix Thiéfaine est pourtant depuis plus de 30 ans une référence et ce dernier album ne fait qu'affirmer sa forte identité. Inspiré autant par la poésie d'Edgar Poe que par la peinture d'Edward Hopper, Thiéfaine scande des textes cultivés mais pas prétentieux, qui s'étendent jusque dans des proportions faramineuses comme dans « Les ombres du soir ». Le plus remarquable est sans doute le travail sur les arrangements, qui apportent une réelle valeur ajoutée aux textes du chanteur et contribuent à renouveler dans