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Affichage des articles du mai, 2011

Battles - Gloss Drop

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Il y a des musiques proprement spectaculaires, de celles qui vous marquent à vie ou vous vident simplement la tête de manière éphémère, comme une sortie au cirque. Ça me rappelle l'histoire d'un jongleur. Il était très apprécié car il avait une technique bien particulière. Il s'enfermait dans un grand cube de verre, lui-même monté sur une sorte de trampoline, et il jonglait avec des objets pour le moins inhabituels. Imaginez une étoile en trois dimensions, comme un oursin un peu grossier. Elle était faite de cristal, remplie d'eau ou d'autre liquide et contenait une petite boule de caoutchouc. Et il jonglait avec ces étranges objets. Souvent 3 ou 4, parfois plus. Et c'était un spectacle fascinant, on le voyait dans son cube de verre en train de jongler comme personne, et les légers reflets des parois donnaient une impression de multiplicité qui rendait le numéro encore plus stupéfiant.  Mais ce qui l'avait rendu célèbre ce n'était pas tant son jonglage

Vite fait bien fait: Stendeck / Robag Wruhme / Enabl.ed

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Ça faisait un moment que l'on avait pas parlé de musiques électroniques ici, mais ça ne veut pas dire que les derniers mois ont été pauvres dans le domaine. La preuve par 3 avec mes derniers coups de cœur. Chacun d'eux aurait mérité un article à part entière, mais mon amateurisme en la matière ne me permet pas de disserter aussi longuement sur des disques électroniques, aussi bons soient-ils. Voici donc les 3 d'un coup. Enabl.ed - Modules Fail Qu'est ce qu'on aime dans l'IDM ? On aime les claviers venus d'ailleurs, les sons hachés, les beats incompréhensibles, on aime que ça perturbe notre équilibre mental. Et bien on a tout ça dans Modules Fail , le deuxième album de Jimmy Batista, officiant sous le nom d'Enabl.ed. Derrière les mélodies de « odeq2 » viennent se nicher des beats déconstruits, comme des accès de violence contenus. Tout l'album fonctionne sur cette dichotomie, et Modules Fail balance parfois violemment entre le très onirique (« It

Top of the Folk: Kurt Vile / I Come from Pop / NFL3 @ L'Antipode, Rennes

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Le festival Top of the Folk n'a pas très bien porté son nom hier soir à l'Antipode. La soirée a pourtant commencé de façon très conventionnelle. Comme d'habitude, je suis arrivé bien trop en avance, ce qui m'a valu la peine de voir défiler devant moi tous les privilégiés avec leur pass autour du cou. Du bénévole au technicien, de l'accrédité au groupe de lycéens qui devaient interviewer les artistes (ils étaient déjà aux Trans les salauds), je ne suis entouré que de gens d'exceptions. Et je me sens un peu marginalisé avec mon billet payé au prix unique, même pas de réduction étudiant. Comme d'habitude, on retrouve sensiblement les mêmes personnes, ce qui donne l'impression étrange que les concerts sont organisés seulement pour ce groupe de passionnés qui se déplacent systématiquement aux soirées de l'Antipode. Et comme d'habitude, le big boss de la Route du Rock est là, parlant à qui veut bien l'écouter. L'occasion d'en apprendre un p

Vite fait bien fait: Miles Kane / Fleet Foxes / Cornflakes Heroes

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Miles Kane – Colour of the Trap On connaissait Miles Kane comme le mec qui avait profité du succès de son pote Alex Turner (des Arctic Monkeys) pour sortir un très bon album avec lui sous le nom de Last Shadow Puppets, et un album un peu moins bon, ou du moins inégal, avec son groupe de toujours, The Rascals. Tout cela est derrière lui maintenant, et il se lance dans une carrière solo avec un premier album, Colour of the Trap . Musicalement, on est assez loin de ses deux projets précédents, qui avait tous les deux vocation à servir de bande-originale pour des films imaginaires. Ici, Miles Kane nous sert un pop rock dans tout ce qu'il a de plus conventionnel et intemporel. Pas de références trop lourdes, juste celles du rock anglais de toujours.  On navigue dans un album très homogène, aux chansons aussi rapidement attachantes que faciles à oublier. L'anglais a lissé sa musique, et si Colour of the Trap est globalement meilleur de Rascalize , il n'a cependant pas le charme

Gang Gang Dance - Eye Contact

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Gang Gang Dance est un groupe expérimental. Ceci n'est pas une accroche digne d'un mauvais article de Wikipedia, mais le principal constat que l'on fait après avoir écouté le dernier album du groupe, Eye Contact . Ce n'est pas qu'ils font de la musique expérimentale, c'est que chacune de leur prestations est vécue comme une expérience. Les spectateurs sont des cobayes, et la scène un laboratoire. A priori, on pourrait facilement les prendre pour des scientifiques du dimanche: ils viennent de New-York, ils ont sorti leur dernier album chez Warp et leur musique est aujourd'hui on ne peut plus ancrée dans la mode musicale du moment. Sauf que tout cela n'est que malheureuses coïncidences. Sans en avoir l'air, Gang Gang Dance est le principal instigateur de cette esthétique « tribale électronique » qui sévit sur les ondes depuis quelques années. Aujourd'hui, quand un groupe pop sonne « expérimental », il sonne avant tout comme Gang Gang Dance. Eh ou

On the road

Certains d'entre vous connaissent peut-être la compagnie Eurolines. Pour les autres, c'est ce qui vous permet de voyager à peu de frais dans toute l'Europe. Contre-partie: c'est en car, et c'est long. Pour vous, j'ai supporté 44h de trajet aller-retour, et j'en ai tiré quelques leçons que je vous fait à présent partager. Le chauffeur: Qui est-il ? Bien qu'il conduise un car international, le chauffeur ne sait pas qu'il y a des gens de différentes nationalités à l'intérieur. C'est pourquoi il ne parlera qu'une seule langue, la sienne. Pour autant, le chauffeur est compréhensif, et si on ne comprend pas ce qu'il dit, il se fera un plaisir de répéter. Toujours dans sa langue natale. Comme il a beaucoup d'humour, il fait régulièrement des blagues. Si vous ne la comprenez pas, ou que vous ne rigolez pas, il ne s'en formalisera pas et rira tout seul de bon cœur. Le chauffeur tend parfois à confondre transport en commun et v

How I Met Your Mother - Saison 6

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 La saison précédente était riche en promesses, et a montré pour la première fois que How I Met Your Mother s'essoufflait, et qu'aucun personnage ne parvenait à la sauver du naufrage. Après cette non-fin lamentable, on se disait que la série ne pouvait que rebondir après avoir touché le fond. Un an après, il est intéressant de constater que l'on a eu à la fois raison et tort. Mais récapitulons. Durant 6 saisons, les scénaristes se sont amusés à semer des indices, et à les effacer au fur et à mesure que la fin de la série s'éloignait. Tellement que je suis incapable de me souvenir tous les critères que devra remplir la Mother, sans parler de tous les sauts dans le futur qui finiront par trouver une explication. C'est pourquoi je dois me contredire d'emblée: même après une cinquième saison qui faisait du surplace, HIMYM est devenue, par essence, une série qui génère des attentes. Et c'est sans doute la seule raison pour laquelle j'ai, comme beaucoup d&#

Petites chroniques cinématographiques de retour de vacances (2/2)

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The Misfits – John Huston (1961) Dernier film de Clark Gable et de Marylin Monroe, The Misfits a tout pour être mythique. Quand on s'y penche de plus près, c'est un film tout ce qu'il y a de plus « classique » pour l'époque. Dans la mise en scène déjà, qui rappelle par de nombreux aspects le grand cinéma hollywoodien auquel John Huston a participé. Et puis dans le thème, assez sombre qui rappelle qu'on est en 1961, et que l'époque est aux personnages désabusés. Et c'est justement l'association de ces deux aspects qui rend The Misfits époustouflants. Chaque acteur semble incarner son propre personnage, et c'est sans surprise si Marylin Monroe crève l'écran du début à la fin. On pourra facilement la trouver agaçante, mais l'excellence mise en scène et le final fabuleux compensent largement ces petits défauts, qui font également tout son charme. Un film « classique », certes, mais également un grand film, indispensable. Tueurs nés – Oliv

Petites chroniques cinématographiques de retour de vacances (1/2)

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La merditude des choses – Felix van Groeningen (2009) Film typique des chroniques de familles « pas comme les autres » selon l'expression consacrée, La merditude des choses parvient pourtant à éveiller l'intérêt. Déjà par la famille proprement dite, où un enfant se fait elever par son père et ses oncles tous aussi beaufs les uns que les autres, vivant chez sa grand-mère au fin fond de la Belgique flamande. Le film ne cesse de jouer sur l'équilibre entre le ridicule des situations et l'ambiance profondément pathétique qui s'en dégage. Du coup, on ne parvient jamais à sourire franchement, mais l'histoire gagne plus de profondeur. Malgré un léger manque de rythme, La merditude des choses qui savent être touchants mais pas moralisateurs. Les petits mouchoirs – Guillaume Canet (2010) LE film de Guillaume Canet, avec le gratin du cinéma français pour le porter. L'histoire est assez banale, puisqu'en gros c'est un remake des Bronzés version parisiens

I got some bad ideas in my head

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Cet article a été rédigé en juin 2010. Il arrive que notre cerveau fasse des rapprochements assez inattendus, qu'on conçoit sans peine, mais qu'il est plus difficile à expliquer. Il en est un qui m'est apparu clair comme de l'eau de roche l'autre jour, et que je vais tenter de vous partager. Il concerne deux réalisateurs qui ne manquent pas de points communs, si ce n'est que j'en préfère un à l'autre, j'ai nommé Martin Scorsese et David Fincher, avec Taxi Driver et Fight Club . Commençons par le commencement: pourquoi ces deux films ? C'est simple, pour moi ils traitent du même sujet. Dans les deux cas, on a un loser, un mec complètement paumé dans sa vie, assez misanthrope, qui cherche à s'échapper de l'enfermement que lui fait ressentir la société qui l'entoure. C'est le principal rapprochement qui est à faire, après on a des similitudes comme le rapport au moyen de transport, à la violence, à l'estime de soi, etc... En