The Delano Orchestra - Now That You Are Free my Beloved Love

Un nouvel album du groupe de Kütu Folk pour la 3e année consécutive. Il faut dire ce qui est, on a nourri une sorte d'indulgence pour ces groupes français qui ont eu le courage de fonder un label en plein milieu de la vague néo-folk qui a déferlé depuis quelques années. Et j'ai écouté chaque album de The Delano Orchestra avec une sorte de fierté chauvine, comme pour dire "Eh, on fait des trucs pas mal chez nous aussi!". Cette esthétique raffinée, à base de pochettes cousues main, et cette musique délicate, tout ça aidait fortement à considérer le collectif Kütu Folk comme le chef de file de l'indie français. Mais au fond, on a toujours trouvé que cette musique manquait d'audace, derrière la remarquable initiative. Pratiquant un folk s'étirant dans des chansons d'allures plutôt post-rock, The Delano Orchestra a su toucher la grâce du doigt par moments, mais jamais à l'échelle d'un album. 

Après deux albums, la recette Delano Orchestra est bien connue, les morceaux commencent en général de manière très douce, et atteignent une sorte d'apogée au bout d'un moment, qui a été longuement préparée par une tension latente. Si ce scénario parait évidemment assez banal, The Delano Orchestra a toujours su jusqu'ici compenser par un songwriting excellent, à l'image de leur morceau phare "Frozen Lake". Et chaque album est donc avant tout une belle aventure, tellement le groupe clermontois a su créer un univers vraiment intéressant, pour peu qu'on prenne le temps de s'y plonger. Et ici, il prend l'initiative de nous embarquer avec un titre ("Not an Ending") qui démarre plutôt bien et qui s'envole à coups de pied répétés sur le sol. Et de manière générale, la musique de The Delano Orchestra qui éprouvait souvent des difficultés à accrocher l'auditeur trouve ici l'astuce pour que l'on écoute facilement chaque chanson, sans avoir envie de zapper parce qu'on est pas dans l'ambiance.

Les chansons perdent un peu de leur aspect qui avait qualifié de "post-rock" pour se tourner davantage vers le rock tout court, à l'image de "Seawater" ou de l'excellent "Modest Life" dont l'entrain pourrait facilement en faire un tube. On retrouve par contre toujours ces chansons dépouillées qui font toutes l'image du groupe, qu'elles soient "classiques" en s'énervant vers la fin comme "Someone I Could Not Hurt" ou qu'elles restent polies, comme "Fifty Five" ou "Dyin' Alone" qui le sont sans doute trop et finissent par agacer devant si peu de mouvement. Pourtant dans le même genre "Fucked Up" est plutôt poignant avec ses éclats de guitare rageuses. Et le titre éponyme clôt l'album en deux parties, avec une seconde qui n'en finit par d'en finir, dommage.

Ce nouvel album ne sera donc ni celui du renouveau ni celui qui fera de The Delano Orchestra le porte-étendard français du revival folk. Et ceci pour la simple et bonne raison que le buzz qui a porté le groupe sur le devant de la scène s'est maintenant bien essoufflé, et l'album, même de très bonne facture, ne bénéficie plus de toute une tripotée de coreligionnaires et d'une ambiance propice à le porter aux nues. On saluera tout de même The Delano Orchestra pour être capable de produire aussi régulièrement des albums qui ne pèche jamais dans ce qu'ils font de mieux: écrire de bonnes chansons, et les arranger encore mieux.


Commentaires

  1. http://next.musicblog.fr/1461995/Sufjan-himself-s-exprime-a-popos-de-ma-theorie/

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