Squarepusher - presents Shobaleader One: d'Demonstrator

Tom Jenkinson a.k.a. Squarepusher est de retour avec un nouveau projet, qui rapproche son label Warp du label français Ed Banger (Mr. Oizo, SebastiAn, Justice...). On avait eu droit à un EP pour nous annoncer ça il y a 2 mois, avec une chanson ultra-groovy, remixée par Mr. Oizo pour la version plus... bah plus Mr. Oizo quoi. En bref, on s'attendait à un projet qui s'éloignait de ce qu'on connaissait de la part de Jenkinson, Shobaleader One étant un groupe assez conventionnel dans lequel notre homme tient la basse. Car oui, au départ c'est un bassiste monstrueux, ce qui se ressent d'ailleurs sur ses albums précédents, autant par l'intervention de solos de basse que par le groove omniprésent qu'il parvient à créer. L'histoire dit que le groupe est la rencontre entre 4 inconnus (dont il dit ne pas être autorisé à dévoiler les noms) qui ont voulu former le « fantasy group » dont il parle dans son dernier album Just a Souvenir. Ca fait penser à un trip à la Daft Punk le coup du groupe d'inconnus avec des masques qui font des lumières, mais ça n'a rien à voir.

Quoique. Je me suis souvent surpris à penser que ce nouvel opus faisait penser à du Daft Punk. Pour faire simple, on n'est plus vraiment dans le Squarepusher IDM avec des sons qui viennent de n'importe quel champ musical. Non, ici les sons sont strictement organiques, ou plutôt ce sont des instrumentaux extrêmement triturés et bidouillés avec tous les effets possibles – la vidéo teaser de Megazine nous en avait déjà montré un aperçu. Le traitement de la basse et de la guitare, et même de la voix (vocoder...) rappelle inévitablement le duo pré-cité. « Laser Rock » est par exemple un morceau assez banal, qui pourrait se résumer à son titre. C'est-à-dire que c'est plutôt agréable, mais on ne sent pas l'audace auquel Squarepusher et le label Warp en général nous a habitué.

La suite de l'album continue selon ce principe, pour le meilleur et pour le pire. On se demande par exemple l'intérêt de « Into the Blue », ou encore « Frisco Wave », deux titres vraiment plats. Encore une fois, pas désagréables, mais vraiment plats. Dans « Frisco Wave », aucun changement de rythme, aucune mélodie accrocheuse, mais seulement un morceau qui s'étale autour d'un petit gimmick sans prétention. On a été habitué à bien mieux. A l'extrême inverse, on a « Megazine », un son ultra-saturé bercé par un rythme simpliste, et un gros solo bien dégueulasse au milieu. Un mix « radio » ferait surement un tabac en club. Au bout du compte, c'est à la fin qu'on trouve (ou retrouve) les morceaux les plus intéressants. « Endless Night » propose des passages plutôt catchy, menés par un basse comme on l'aime. Même recette pour « Cryptic Motion », qu'on connaissait déjà. Assez facile, mais ça fait toujours plaisir à entendre. « Maximum Planck » est également potentiellement intéressant, sauf qu'à la fin de l'album, le son sur-trafiqué nous sort par les oreilles, alors la grosse couche pour terminer est vite avortée.

C'est donc un album plutôt décevant de la part de Squarepusher, mais en même temps, on a vite fait de l'attribuer au contexte de réalisation, entendez au « groupe » qu'il y a autour. Ce serait quand même facile, car Jenkinson affirme que toutes les compos sont de lui. Il faut quand même dire que c'est loin d'être révolutionnaire, et que même les meilleurs morceaux – qui sont d'ailleurs vraiment bons – sont à des lieues du son novateur auquel on avait l'habitude. Shobaleader One ne sera pas le projet qui relancera la carrière un peu décadente de Squarepusher, et on risque de bien vite l'oublier, malgré quelques bons moments.




Commentaires

  1. Je l'ai pas encore écouté, mais j'appréhende vachement. J'avais trouvé le titre de cet été super efficace, mais sans la finesse habituelle de Jenkinson. Hélas, plus jamais on aura un truc genre "Ultravisitor" ou "Journey to Reedham", qui reste un de mes titres préférés de musique électronique de tous les temps.

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  2. Ecouté cette après-midi, et c'était horrible. J'ai l'impression d'écouter du Ratatat raté, avec des voix insupportables. Je me demande si Jenkinson a un problème. Sa femme l'a quitté ? Son âme a été aspirée par un extraterrestre ?
    En tout cas, ça m'a fait mal au coeur.

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