Ghostface Killah - Apollo Kids



N'appréciant le Wu-Tang que par intermittence, je ne me suis donc jamais vraiment penché sur les travaux solos de ses membres. Un ODB par ci, un Raekwon par là, il parait que c'est bien, je sais pas, peut-être. M'enfin ça reste toujours des sorties hip-hop intéressantes à suivre, même si le Wu Massacre de l'an dernier ne m'avait qu'à moitié convaincu. Ici c'est donc Ghostface Killah qui continue sa carrière solo déjà bien fournie et qui a connu de beaux moments parait-il. C'est en grand néophyte que je décide de me lancer dans cet Apollo Kids, sur quelques conseils avisés que j'ai reçu. Les mecs du Wu-Tang ont beau ne pas être dans mon panthéon du hip-hop, ils représentent tout de même un esprit qui me plait, East Coast, un peu bling bling sur les bords mais jamais trop agaçant. En bref, j'ai un bon a priori sur ce cher Ghostface Killah.

Et je suis a peu près confirmé dans mon idée avec ce début d'album qui donne une belle place aux samples soul voire r'n'b. "Purified Thoughts" est plutôt convaincant avec son refrain sombre et aérien, entrecoupé par d'excellents couplets, Ghostface s'aidant de son pote GZA et de Killah Priest. "Superstar" et "Black Tequila" continuent dans cette veine, toujours avec leur voix soul qui viennent relever la tension des couplets, tantôt très rythmés, presque frénétiques pour "Superstar", tantôt syncopés et tout en tension pour "Black Tequila". Dans chacune, de bonnes trouvailles sonores, avec ces petits gimmicks d'instruments divers (claviers, flûtes, guitare) qui étoffent la chanson sans la rendre trop bruyante, comme on peut des fois l'entendre au travers de productions un peu trop poussées. Ici, on reste dans les clous, la production est léchée mais pas trop tape-à-l'oeil, et parvient tout de même à être originale, ce qui est assez appréciable dans ce style. Ce début est donc plutôt rassurant, mais m'a paru un peu trop légère par rapport à ce que j'attends de ce genre de rappeur. 

Et c'est la suite qui vient me donner ce que j'attends. La recette reste sensiblement la même, des refrains soul qui reviennent régulièrement, des instrus bien trouvées et bien travaillées qui servent un flow monstrueux. Avec une guitare à la Black Keys, "In tha Park" aurait pu être sur le projet Blakroc, les cuivres de "Troublemakers" concluent l'album de la plus belle des façon. Apollo Kids est une affaire qui roule, et Ghostface enchaîne les titres, tous aussi bien foutus les uns que les autres, tout en sachant alterner entre un hip-hop un peu fun, et un aspect un peu plus haineux, comme on l'aimait dans les 90's. "2getha Baby" est sans doute à ce titre un des meilleurs titres de l'album, avec cette mélodie angoissante qui traine sur toute la chanson, créant une atmosphère obscure, excellente. D'un autre côté, le flow rageux dérape parfois, comme dans "How You Like Me Baby", qui commence plutôt bien, et se perd dans son refrain peu convaincant, et surtout dans ce passage mi-rappé mi-chanté qui fait penser aux pires moments de KiD CuDi.

De manière générale, Apollo Kids est donc un album très homogène, porté autour de quelques grandes lignes assez rapidement identifiables. La production est vraiment excellente, Ghostface et tous ses potes donnent toujours tout ce qu'ils ont, et nombre d'instrus ont un pouvoir évocateur étonnant. Mais c'est ce même constat qui nous fait nous demander si Ghostface Killah n'a pas choisi un peu la facilité, tant son album est millimétré mais manque un peu de vie au final. C'est la seule explication que j'ai pu trouver à ce sentiment partagé entre le grand plaisir d'écoute et l'impression de rester sur sa faim. Un bon album de hip-hop par un monstre du genre, mais sans doute pas un sommet de sa carrière.






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