The Kills - Blood Pressures

1812. Depuis presque 10 ans la Grande Armée de Napoléon 1er a mis à genoux toute l'Europe. Après quelques années passées à lever le pied et à se concentrer sur l'administration de son empire, Napoléon remonte sur son cheval et décide de revenir à ce qui a fait sa gloire: la guerre. Et ce n'est rien de moins que la Russie du tsar Alexandre 1er qu'il décide d'envahir. La Grande Armée n'a jamais mieux porté son nom, et culmine à près de 600 000 hommes. L'armée russe peine à résister à l'immense force de frappe impériale, et, prise de vitesse, elle recule en détruisant tout ce qui leur passe sous la main de manière désorganisée. Doucement mais sûrement, Napoléon se dirige vers Moscou, dans lequel il s'installe au début de l'automne après quelques victoires éclatantes qui ne laissent plus au Russes que le choix de la capitulation.

Mais les Russes refusent de capituler, et n'offrent aucune résistance à l'empereur, attendant le début de l'hiver pour contre-attaquer avec une armée reconstruite, de taille à affronter la Grande Armée. Commence alors la retraite de l'empereur, constamment harcelé par l'armée russe. Le froid et la fatigue affaiblissent l'armée napoléonienne, qui arrive devant la rivière de la Bérézina, et essaye de se ragaillardir. L'empereur fait construire des ponts rapidement pour empêcher son armée de se faire coincer par les trois armées russes à ses trousses. Parvenant en partie à traverser la rivière et à échapper aux russes, Napoléon ordonne la destruction des ponts à l'aube, provoquant la ruée de tous les hommes restés du mauvais côté vers la rivière, souvent malades et blessés. La plupart n'atteindront jamais l'autre rive.  La Grande Armée est décimée, Napoléon rentre en France pour faire face à des problèmes qui mèneront à sa chute. Ainsi s'achève la campagne de Russie, où comment échouer en enchaînant une série de victoires.

2011. Depuis presque 10 ans, The Kills est le duo le plus rock n' roll de la planète. Après quelques années passées à s'occuper chacun de leur côté, Alison « VV » Mosshart et Jamie « Hotel » Hince décident de revenir à leurs premières amours. Le son des Kills a toujours été rock, mais c'était davantage dans l'interprétation que dans le son que ce la se ressentait. Ainsi Midnight Boom n'avait plus vraiment un son rock, mais il transpirait toujours autant, il gardait cette puissance crue et cette énergie qui ont permis au duo de mettre à genoux toute la concurrence. Sur Blood Pressures, pas de chichis. L'aura des Kills n'a jamais été aussi rock n' roll, et comme si ça ne suffisait pas, le son de l'album revient à des gimmicks bien connus des amateurs du genre. Ont-ils conservé le "mean side" du premier album, qui semblait être leur credo ? Oui et non.

Avec une assurance peu commune, Jamie Hince enchaine les parties de guitare plus grasses et rageuses que jamais, et ils signent une série de victoires qui resteront dans les mémoires, avec « Future Starts Slow » ou « Satellite » qui montrent que le duo n'a rien perdu de son talent. Rythme sensuel et obsédant, tension palpable, on envisage le meilleur. Pourtant sur « Nail in my Coffin » on sent des relents de rock pompeux, à l'opposé de l'image des deux rockeurs. Ce n'est pas grand chose, c'est juste une batterie trop emphatique et un chant qui semble compenser le manque d'enthousiasme par un débit plus élevé, mais tout de même. Le riff basique mais efficace de « DNA » relance la machine, enrayée par « Wild Charms », sorte de face-B mièvre des Arctic Monkeys. Sur « The Last Goodbye », on croirait s'être trompé de disque. VV troque la rage érotique pour l'élégance charmeuse, et ça ne colle pas. Quelques embardées de plutôt bonne factures, un final bluesy comme on en a l'habitude, et Blood Pressures est fini.

Blood Pressures, ou comment enchaîner des chansons plutôt bonnes tout en dégageant un arrière-goût de frustration. Jamie Hince et Alison Mosshart semblent entretenir une relation moins fusionnelle qu'à l'accoutumée, ce que j'avais déjà craint lors d'un concert en 2009 qui témoignait de quelques signes de faiblesses. Le duo passe le cap du quatrième album, mais dans quel état, là est la question. Le moins bon, certes, car les trois précédents étaient excellents. Pas encore moribond et toujours capable de sortir des chansons éclatantes, on en vient pourtant à se poser des questions sur son avenir après cette traversée de la Berezina qui lui a fait perdre de sa force de frappe.




A lire également sur Brainfeeders & Mindfuckers, et I Left Without my Hat.

Commentaires

  1. tu es bien indulgent avec cet album qui semble composé, enregistré et produit en dillétante.

    Je suis pour ma part très déçu par cet album, qui ne mérite pas ton billet qui commençait très bien pour moi : cet album est la Bérésina.

    RépondreSupprimer
  2. Justement ! Le grand paradoxe de la Bérézina, c'est que c'est une victoire, alors qu'ils ont perdu plein d'hommes. Cet album des Kills j'ai choisi de considérer qu'il n'était pas raté, pas qu'il donnait quand même l'impression que tout part à vau-l'eau.

    RépondreSupprimer
  3. Là, ils vont gagner plein d'acheteurs et c'est une défaite artistique ^^

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire