Vite fait bien fait: Burial / Alela Diane / Bibio / The Mountain Goats

 Certains d'entre vous ne le savent peut-être pas, mais j'aime bien travailler dans l'urgence - manière de dire que la procrastination a atteint chez moi un stade pathologique- et c'est pourquoi je suis débordé en ce mois d'avril. Par conséquent, pas beaucoup de temps à consacrer aux chroniques pour les semaines à venir. Moins d'articles, mais des articles bien fournis ! Et 4 albums pour le prix d'un, c'est moi qui régale. Je reviendrais de temps à autre selon ma productivité et ma motivation (ça peut très bien être après-demain en fait).


Burial – Street Halo EP

Le génie du dubstep n'avait rien sorti depuis 4 ans mine de rien. Tout juste une magnifique collaboration avec Four Tet, qui a d'ailleurs remis le couvert avec Thom Yorke récemment. De quoi s'assurer que l'anglais savait toujours se servir de son ordinateur. En ce qui me concerne, je n'ai jamais réussi à me plonger totalement dans les albums de Burial, il manquait toujours ce petit quelque chose qui me faisait garder une certaine distance avec la musique pourtant très atmosphérique de l'artiste. C'est chose réparée avec cet EP de 3 titres pour vingt minutes. Trois grosses baffes. Trois titres aux beats claquants et aux sons obsédants Trois titres à écouter quand on rentre chez soi la nuit, qui sentent le bitume et le béton, la pluie et les pots d'échappement. Burial recrée son univers obscur avec juste quelques sons évocateurs, arrangés subtilement d'une main de maître. Une réussite totale, et on attend avec impatience un album entier de cet acabit.




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Alela Diane – Alela Diane & Wild Divine

On aime tous Alela Diane. Pas qu'elle soit particulièrement jolie (quoique sur cet album elle est toute de même charmante), mais parce qu'elle a une voix qui avait séduit tout le monde avec le magnifique The Pirate's Gospel en 2006. Du moins tout ceux qui ont un petit coeur qui bat quelque part, là, derrière. Avec une régularité exemplaire, c'est désormais son troisième album qu'elle sort, en mettant bien en avant une évolution qui ne manquera pas d'en décevoir certains: elle n'est plus seule. On devra désormais compter sur Wild Divine, un groupe dont font partie son père et son mari, ainsi que deux autres musiciens. A partir de là on pourrait presque prédire la suite: ce nouvel album est bien moins épuré et aérien que les précédents. To Be Still étoffait déjà la musique de la chanteuse de violons et steel-guitars (à mon grand regret), et on continue dans cette voie, avec basse et claviers cette fois-ci. Ne partez pas ! Cela reste relativement discret et plutôt bien arrangé. Mais bon, voilà, Alela Diane a toujours une belle voix, mais tout ça a un peu tendance à tourner en rond. De jolies chansons certes, mais il est assez triste de voir l'artiste qui avait secoué le monde du folk il y a 5 ans rentrer dans le rang, doucement mais sûrement.




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Bibio – Mind Bokeh

Encensé il y a 2 ans pour son Ambivalence Avenue très réussi, qui mélangeait brillamment pop, folk et electronica, Bibio fait partie de ces nouveaux artistes Warp qui contribuent à ouvrir de nouvelles portes pour le label. Son retour était très attendu et on se réjouissait d'entendre à nouveau ce melting-pot de sons inventifs qui nous avait mis de bonne humeur pour l'année. Bon déjà ça on peut le mettre de côté. Mind Bokeh garde un son de pop bordélique, mais bien loin d'Ambivaence Avenue. L'électronique est plus assumée, les beats plus déstructurés, bref, l'album n'a pas la douceur de son prédécesseur. Cet argument ne doit pas rebuter pour autant, car Bibio montre toujours un vrai talent pour écrire de bons titres, et l'album contient plusieurs moments bien plaisants. Mais il a aussi ses quelques ratages, des morceaux pas très fins et un peu festifs, déconcertants. La palme revenant sans doute à « Take Off Your Shirt » morceau pop/rock qui ressemble à s'y méprendre à une version saturée de « If I Ever Feel Better » de Phoenix. Bibio à l'assaut de Virgin Radio ? Non, quand même pas, mais une bonne moitié de l'album semble revendiquer une musique sans barrières avec un tel enthousiasme qu'on finit par trouver ça un peu niais, et forcé. On pourrait ironiser sur le fait que les deux meilleurs titres de cet album s'intitulent « Excuses » et « More Excuses » (les plus electronica/breakbeat), mais on ne le fera pas. On se contentera de dire que cet album de Bibio va un peu trop loin et dans tous les sens, et que Stephen James Wilkinson devrait reprendre le temps de composer à tête reposée. 




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The Mountain Goats – All Eternals Decks

Évidemment, je ne connais pas tous les albums du groupe de John Darnielle. J'ai dû en écouter moins du tiers je crois (ce qui  en fait quand même 4 ou 5). Du coup, un nouvel album des Mountain Goats ne déclenche jamais une profonde excitation chez moi, étant donné qu'il y en a encore plein à découvrir. Mais tout de même, leur dernier en date avait été un des meilleurs de 2009, et il était intéressant de voir jusqu'où John Darnielle comptait aller dans son chemin qui est parti du lo-fi sur cassette pour arriver à un folk produit bien au chaud chez 4AD. A noter d'ailleurs, ce nouvel album marque le début de l'ère Merge Records. Nouveau label, nouveau son ? Ce serait faire peu de cas du talent et de la forte personnalité de John Darnielle. Rien que le son de sa voix fait sonner ses chansons comme nulles autres. The Mountain Goats restent donc une référence dans leur genre, ce n'est pas All Eternals Deck qui viendra saper une réputation vieille de près de 20 ans. Musicalement, rien de neuf,  toujours du folk/rock avec quelques trouvailles sonores dont ils ont le secret. Il faut dire que le groupe nous a habitué à entendre un peu tout et n'importe quoi depuis des années, au point que peu de choses peuvent aujourd'hui nous surprendre. Pourtant, quelques chansons semblent tout de même un peu en deçà de ce qu'on pourrait attendre d'eux, et l'impression finale est plus mitigée que pour le lumineux The Life of the World to Come. Ce dernier album mérite quand même d'être écouté car il contient comme toujours des choses très différentes et que chacun doit pouvoir trouver son compte dans le songwriting florissant de John Darnielle. 




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Commentaires

  1. Aie aie, Alela s'enfonce à mon grand désespoir ... ça fait toc cette orchestration, elle a perdu beaucoup de son caractère et de son charme depuis Pirate's gospel. Et je pense pas que ce soit la faute du papa et du mari (Matt Bauer ?), ils l'accompagnaient déjà sur scène il y a quelques années.

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