Petites chroniques cinématographiques de retour de vacances (2/2)

The Misfits – John Huston (1961)
Dernier film de Clark Gable et de Marylin Monroe, The Misfits a tout pour être mythique. Quand on s'y penche de plus près, c'est un film tout ce qu'il y a de plus « classique » pour l'époque. Dans la mise en scène déjà, qui rappelle par de nombreux aspects le grand cinéma hollywoodien auquel John Huston a participé. Et puis dans le thème, assez sombre qui rappelle qu'on est en 1961, et que l'époque est aux personnages désabusés. Et c'est justement l'association de ces deux aspects qui rend The Misfits époustouflants. Chaque acteur semble incarner son propre personnage, et c'est sans surprise si Marylin Monroe crève l'écran du début à la fin. On pourra facilement la trouver agaçante, mais l'excellence mise en scène et le final fabuleux compensent largement ces petits défauts, qui font également tout son charme. Un film « classique », certes, mais également un grand film, indispensable.


Tueurs nés – Oliver Stone (1994)
La première moitié du film est absolument imbuvable. Le montage frénétique et le scénario inintéressant pourraient facilement vous faire fuir. Mais c'est dans sa deuxième partie que Tueurs nés révèle ses qualités, un peu tard c'est vrai. D'un coup, l'intrigue gagne en profondeur, et l'image à l'écran donne moins mal à la tête. On se prend à trouver plusieurs remarques intelligentes, et Oliver Stone parvient enfin à nous donner envie de regarder son film jusqu'au bout. Cela n'est cependant pas suffisant, et la direction d'acteurs rendent le duo Robert Downey Jr et Tommy Lee Jones insupportables à force d'être hystériques. Un film qui a donc très mal vieilli, et dont le principal intérêt est de trouver en germe dans le scénario la plupart des idées qui seront développées plus tard par Tarantino dans ses propres films, avec bien plus de talent.


Dogma – Kevin Smith (1995)
Dogma est un film débile. Et c'est donc une réussite pour Kevin Smith qui n'a jamais caché son goût pour les blagues potaches et irrévérencieuses. Son discours sur la religion peut paraître galvaudé, mais il n'est finalement pas si stupide que ça. De toute façon, ça n'est qu'un prétexte pour construire une histoire abracadabrante et multiplier les situations décalées. Rien de très innovant dans tout ça, mais des gags efficaces, et des acteurs en forme. Le duo Jay et Bob bien entendu, et puis également Matt Damon et Ben Affleck qui excellent dans leurs rôles d'anges déchus qui cherchent à revenir au Paradis. Tout ça est un peu trop tiré par les cheveux, mais on ne peut que se réjouir et rire de bon coeur devant cette galerie de personnages très bien écrits qui enchainent les répliques cultes. Une bonne comédie qui mériterait néanmoins d'être un peu allégée par endroits.


Los ojos de Julia – Guillem Morales (2010)
Le cinéma espagnol est assez friand de films de genre, et le dernier film de Guillem Morales en est un parfait témoin. Los ojos de Julia commence comme un film fantastique en nous faisant croire à une banale histoire de fantôme, et finit par reprendre les codes du giallo, un genre typiquement latin qui mélange whodunit et slasher, avec des femmes et des psychopathes gantés. Tout ce beau mélange accouche étonnamment d'un film très cohérent. Mais Los ojos de Julia brille surtout par sa mise en scène, qui exploite à merveille la cécité croissante de la protagoniste (brillamment interprétée par Belén Rueda) pour devenir de plus en plus oppressant et haletant. Malgré quelques situations un peu téléphonées, Guillem Morales signe un vrai bon film de genre, sexy et angoissant, comme on en voit assez peu. 


Blow Out – Brian de Palma (1981)
Ce film en hommage à Blow Up est surtout connu pour avoir donné envie à Tarantino d'engager Travolta pour Pulp Fiction. Du chef-d'oeuvre d'Antonioni, Brian de Palma ne garde que l'aspect de l'enquête, et évacue toute l'ambiguïté de la mise en scène originale. L'idée de De Palma est donc essentiellement d'utiliser le personnage du jeune artiste seul confronté à un crime pour construire un film qui se rapproche finalement plus de Fenêtre sur cour et des films noirs que de Blow Up. Il s'approprie donc le sujet avec sa caméra habile (même s'il tend parfois à faire de la démonstration), et les trois-quarts du film nous donnent à voir un excellent policier, servi par un John Travolta toujours très charismatique, malgré quelques lacunes d'acteur. Seulement, dans le final De Palma oublie complètement son sujet et vire brutalement au mélodrame kitsch et larmoyant qui a le double effet d'exaspérer et de nous laisser sur notre faim. Mais, rien que pour Travolta doublé par Depardieu, Blow Out vaut le coup de sortir le pop corn.

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