C'mon, Look me in the Eyes !

A mon grand regret, ma période d'indisponibilité va se prolonger encore pour un moment. Sans rentrer dans les détails, je peux vous dire que je ne serais pas en France pour les deux prochaines semaines, qu'ensuite je devrais remettre le nez dans mes cours à cause de ces handicapés de l'administration de ma fac. Puis ensuite je sais pas trop ce que je fouterais, mais je risque de pas être super actif. Dieu seul sait quand ce blog reprendra une activité régulière. En y repensant, je n'aurais guère tenu que 2 ou 3 mois avec un vrai bon rythme de publication... Bref, habituez vous à ne plus lire autant d'articles de ma part. Pour les deux prochaines semaines, j'ai fouillé dans mes tiroirs pour en sortir quelques uns de mes anciens articles (la plupart de l'année dernière), que certains auront peut-être déjà lu. Certains feront sans doute pousser quelques hurlements et grincer quelques dents, et je me ferais un plaisir de répondre à vous commentaires quand je le pourrais. Et si vous vous demandez pourquoi je n'écris plus d'articles comme ça, je n'ai pas réponse. Disons que je ne sais plus comment faire.

Au début de ce blog j'étais un étudiant blasé qui se réfugiait dans la culture pour oublier comme d'autres dans l'alcool. D'où la production de quelques articles illuminés. Mais maintenant que mes études sont finies, pour le moment, je me sens l'âme d'un va-t'en-guerre. Mais je ne vais pas donner à nouveau dans la démonstration de force, je crois que c'est malheureusement vain. Je vais vous parler d'un ami qui occupe de la place dans ma discothèque, Jack White, et de son groupe qui a sorti un nouvel album l'an dernier, The Dead Weather.

Je fais rapidement les présentations: The Dead Weather c'est un projet né lors de la tournée commune entre les Raconteurs et les Kills, ce qui donne un groupe avec Jack White a ses premières amours, la batterie, Jack Lawrence à la basse, Dean Fertita aux claviers et la belle Alison "VV" Mosshart qui chante. Mais c'est évidemment Jack White qui mène tout le groupe à la baguette, mégalomanie oblige. Il faut donc revenir rapidement sur le personnage pour comprendre ce dont je vais parler.

Jack White il vient de Détroit déjà. A Détroit il s'est passé plein de trucs, y'a eu les voitures avec Ford, et puis le garage des Stooges et la techno entre autres... Bref Jack il est plus dans le garage, et dans le blues. D'ailleurs je dois avoir une vidéo qui résume rapidement l'esprit du bonhomme. Tu cliques là et c'est magique. Il aime le blues des années 30 et le rock de Led Zeppelin, il aime pas prendre son temps et il aime pas la facilité. Alors ça donne une flopée d'album des White Stripes enregistrés en deux temps trois mouvements sur des instruments qui décourageraient n'importe quel débutant. Bref on peut dire sans trop s'avancer que c'est un des producteurs de rock les plus respectés de la décennie.

Mais comme je l'ai dit, l'homme est un peu mégalo et il sort un album par an depuis 2005, ne laissant pas le loisir à quiconque d'oublier son existence. Sa dernière lubie, les Dead Weather donc. Mais c'est là que je vais un peu prêcher dans le désert, parce que ce groupe a laissé perplexe beaucoup de monde.


Le premier album, Horehound, présentait un rock relativement classique, Jack White quoi, mais avec un je-ne-sais-quoi qui divisait les auditeurs. Bon déjà, il faut être simple, c'est du rock. Donc forcément c'est pas l'album qui te balance un son venu d'ailleurs direct. Le rock ça fait pas de chichis, ça part sur un riff, c'est plaisir immédiat. Donc ça rebute les amateurs de musique compliquée. Mais d'un autre côté, leurs chanson sont bien travaillées, donc les amateurs du minimalisme à la De Stijl s'en vont aussi. Ca fait déjà pas mal d'auditeurs en moins, vous avouerez. J'ai moi-même eu du mal à savoir que penser de ce groupe, au-delà du plaisir immédiat. Mais avec ce deuxième album, je sens que beaucoup trop de gens se sont arrêtés un peu vite alors que ce groupe recèle des choses bien plus intéressantes qu'il n'y parait au premier abord. Je me disais bien aussi que Jack était pas du genre à faire les choses à moitié.

Déjà le groupe repose sur un relatif paradoxe. La production est assurée par Jack White, ça se sent très vite, mais pourtant le son du groupe n'est pas écrasée par la présence de l'homme en rouge et noir. On évite donc les défauts de ses qualités. Car quoiqu'on en pense, et quoiqu'en disent certains, le son du groupe est vraiment le fruit du travail des quatre membres. Je dirais même que le membre le plus important de ce côté là est celui qui parait le plus insignifiant à première vue, le claviériste Dean Fertita. Son jeu aux claviers est très particulier et évolue entre le premier et le second album. Dans le premier, il travaille vraiment sur le son, qui oscille entre l'orgue classique très 70s et un son beaucoup plus trituré et méconnaissable, qu'on peut entendre sur "Treat Me Like Your Mother" ou "Bone House". Ensuite le son du clavier n'est plus un simple substitut à la guitare, mais un instrument de complément au son bien distinct qui se permet des excentricités bien loin des orgues Hammond d'antan.

Après, Jack White imprime son jeu de batterie tout à fait reconnaissable, autant par le son que par une utilisation un peu originale de son kit, qui rappelle parfois le jeu aérien de certain batteurs de be-bop ou le jeu simple et puissant d'un Dave Grohl, la brutalité en moins. Je ne parlerais pas de son jeu de guitare, assez anecdotique dans ce groupe, bien que brillant au milieu du reste à chaque fois. Non, ce qui est le plus intéressant dans ce groupe, c'est la structure des chansons, qui est très marquée dès le premier album et se confirme dans le second. Il y a quelque chose de très rock, c'est certain, mais plus que ça, il y a une influence de l'autre grand producteur de rock des années 2000, Josh Homme. La structure de chaque chanson rappelle le stoner. Il n'y a qu'un riff pour base de toute chanson, qui provient de Dean Fertita la plupart du temps. Ce riff connait de nombreuses variantes et développements, mais reste ce autour de quoi est construite toute la chanson. On n'est pas dans la simple superposition de riffs, mais vraiment dans une jam autour d'un thème, ce qui donne un côté à la fois peu lisible mais aussi terriblement efficace et cohérent.


 Tout a donc un aspect improvisé. Seule la basse reste dans les cordes, à la fois sobre et puissante, souvent saturée. Mais sinon, la batterie se permet régulièrement des dérives, notamment dans le premier album, et la voix aussi. C'est d'ailleurs une autre des caractéristiques du groupe, ce chant avec peu de paroles, mais régulièrement répétées et assénées avec une vigueur peu commune. Qui mieux que Alison Mosshart pour remplir ce rôle ? La puissance et l'érotisme qu'elle dégage par son chant et par sa présence scénique collent parfaitement à l'hypnotisme des riffs répétés par le reste du groupe. On est donc face à un groupe qui donne dans le rock très efficace, mais les contributions apportées par chacun des membres font que chaque chanson regorge de sons, d'arrangements et d'innovations qu'on n'entend pas à la première écoute. Que penser par exemple de "Jawbreaker" dont certains passages font penser aux grandes heures de Yes ? (Oui, oui.) Ou même au teintes reggae de "I Cut Like a Buffalo" ? (Si je vous le dis.)

La façon même dont est constitué ce groupe et sa manière de travailler contiennent les clés de la compréhension de la réelle originalité qu'il apporte. Alors après, moi j'adore, en tant que grand fan de chacun des membres, et je concède volontiers qu'on n'accroche pas. Mais je reste persuadé que ce groupe n'est pas qu'un énième lubie de Jack White qui resuce jusqu'à la moelle des recettes épuisées depuis longtemps, et qu'au contraire on tient peut-être là l'un de ses projets les plus audacieux.

Les albums des Dead Weather sont en écoute sur Spotify.

Commentaires

  1. Bon, j'ai pas tout saisi la raison du pourquoi, mais je sais dèjà - même si je ne commentais pas tout le temps - que tes billets si persos vont me manquer. J'espère que tu reviendras en forme et qu'on aura des bonnes nouvelles de toi...
    En attendant, profite, on n'a qu'une vie :-)

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  2. Boh je suis encore vivant, et j'ai quelques articles en réserve, mais c'est surtout les chroniques actu qui vont sérieusement prendre du plomb dans l'aile.
    Pour les raisons, pas bien compliqué: vacances bien méritées, puis période de partiels à retardement contre ma volonté, puis boulot d'été qui va me prendre du temps sans doute. Bref, on verra comment je m'en sortirais !

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