Rozi Plain : Juste ce qu'il faut

 Rozi Plain - Prize (Memphis Industries, 13 janvier 2023)
 
Le mois de janvier n’est pas vraiment mon préféré. On est en pleine descente de sucre et les journaux nous inondent d’articles d’anticipation sur les grands évènements à attendre pour cette nouvelle année. Alors que tout le monde semble s’être arrêté pour profiter du moment présent en fin d’année, on avance tous comme mus par une force extérieure qui nous guide aveuglément sans se soucier de savoir si on a choisi nos bonnes résolutions. Alors, que souhaite t-on au mois de janvier ? De s’arrêter, mais pour de vrai. De se poser un moment pour siroter un thé en pleine conscience. Peut-être qu’on veut faire le point sur nos vies, peut-être qu’on veut juste être seuls et peut-être veut-on simplement prolonger le temps suspendu de cette fin d’année sans nous brusquer à prendre des décisions irrationnelles, écrire des to-do list ou simplement retourner au boulot.

 
Le nouvel album de Rozi Plain est un parfait disque de mois de janvier. Résolu à nous faire passer un bon moment sans pour autant trop nous secouer, il s’invite sur la pointe des pieds, presque timidement. Et avant qu’on s’en rende compte, les douces mélodies de synthé nous ont enveloppé et c’est comme si elles avaient toujours été là. « What should we call it ? » demande t-elle. Pop ? Folk ? Indie-electro-slowcore ? Et pourquoi pas tout ça à la fois ? Et pourquoi choisir ? On n’est qu’en janvier finalement, on a tout le temps devant nous. Du moment que la musique continue, on n’a pas encore besoin de répondre à toutes ces questions. Mais Rozi Plain profite de notre béatitude pour continuer « What do we want ? / Do you want more ? ». Sans attendre de réponse, les chansons s’enchaînent, portées par un rythme discret que la basse vient à peine bousculer par ses mélodies tout en rondeur. Rassurés par ce disque que ne nous veut que du bien, on gagne doucement en assurance, « Painted the Room » nous invite à regarder autour de nous et à, peut-être enfin, avancer. C’est le moment que choisit le saxophoniste Alabaster DePlume pour nous rejoindre et nous rappeler à quelques bons souvenirs de l’année passée. On est bien, et soudain, le silence. Cette fois ci c’est certain, une année qui commence comme ça sera forcément une bonne année. Mais janvier n’est pas encore terminé, donc n’ayons pas honte de nous pelotonner encore un petit peu dans ce disque tout doux. 
  
  

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