Cloud Nothings - Cloud Nothings

Souvenez-vous, quand je chroniquais la compilation des titres sortis par le jeune Dylan Baldi avec Cloud Nothings il y a quelques mois, je saluais le "rock rafraichissant" du groupe, en terminant par: "on attend la suite de Cloud Nothings, avec peut-être plus d'innovation, mais je l'espère pas un "album de la maturité" surproduit." Ce vrai premier album, le voici déjà chez Wichita et Carpark, et on va enfin savoir si 2011 sera l'année de la consécration pour le groupe qui a buzzé durant toute l'année 2010. Cela a beau être le premier album, pour beaucoup de personnes, Dylan Baldi est déjà dans la situation assez difficile de la confirmation du deuxième album. Cette remarque est d'ailleurs commune à de nombreux artistes de nos jours, car la prolifération de nouveaux groupes fait que le "cap de la confirmation" a glissé un peu plus tôt dans une carrière. On a déjà à peu près cerné ce qui nous aimions chez Cloud Nothings, même en sachant que cela n'était que des balbutiements de son esthétique musicale.

Je craignais un "album de la maturité", et heureusement mes craintes étaient infondées. C'est vrai qu'il eut été assez surprenant de voir arriver cela si tôt, même avec le glissement dont je parlais. Je craignais un album surproduit, et là aussi, je ne pense pas que mes craintes ait été réalisées. Mieux produit, c'est certain, et c'était évident, passant de l'enregistrement solo en home-studio à celui d'un label, qui plus est assez reconnu pour ses découvertes indie (Boc Party pour Wichita, Beach House pour Carpark). Mais pour autant, la musique de Dylan Baldi a tout de même pas mal évolué dans ce premier album. On reste sur le trio guitare/basse/batterie, mais les chansons ne sont plus vraiment les mêmes. Alors qu'auparavant on avait des intros très accrocheuses et assez soignées, et une jeu entre les instruments relativement équilibré, ici la plupart des chansons commencent par de la guitare, qui reste écrasante sur tout le long du morceau. L'autre élément qui change, c'est le tempo qui a sensiblement augmenté, et mené tambour battant par une batterie il faut le dire assez monotone.

Ajoutons à cela le fait que la voix même de Dylan Baldi est assez différente. Beaucoup juvénile dans cet opus que dans ce qu'on a pu entendre l'année dernière, et pourtant il me semblait que ça allait souvent dans l'autre sens. En fait le son en studio est beaucoup moins chaleureux que le son home-studio. Dans cet album Cloud Nothings sonne comme les premiers groupes d'emo des années 90, du genre At the Drive-in par exemple. Et cela se ressent également musicalement, car la musique du groupe de Cleveland semble davantage héritée du punk que du rock garage. Le glissement est subtil, mais sur la longueur de l'album la différence est saisissante. Les passages de guitare claire de "Forget You All the Time" sont bien plus secs et froids que ce dont on a eu l'habitude. La chanson la plus caricaturale étant sans doute "Nothing's Wrong" où il semble que l'on a voulu garder l'originalité de composition de Baldi en augmentant le tempo et en faisant de la chanson un simple essai de jeunes qui veulent jouer vite, bien inoffensif donc. Pour autant ce "nouveau" Cloud Nothings contient toujours quelques bonnes choses comme "Understand at All" assez réjouissant ou "You're Not Good at Anything", qui rappelle des chansons de post-hardcore juvénile hargneux des 90's.

Alors bien sûr, cet album de Cloud Nothings s'écoute tout à fait bien, mais force est de constater que l'on a perdu ce que qui faisait la chaleur d'un "Hey Cool Kid" ou la fraîcheur d'un "I Can't Stay Awake", dans les deux cas une certaine spontanéité se dégageait. Ici le tempo poussé ne suffit pas à reproduire cette sensation. Et il semble que l'on ait voulu exploiter la hargne adolescente de Dylan Baldi pour en faire un punk assez convenu, là où il souhaitait simplement faire ce qu'il lui plaisait. Ce passage du garage au studio est donc assez décevant, mais je crois toujours au talent de ce gamin, et je pense qu'il faut tout de même continuer à le suivre.

Commentaires

  1. J'ai l'impression que tout est allé très vite, trop vite pour Dylan Baldi... J'ai bien aimé ce premier album mais sans être aussi enthousiaste que par ses compositions passées. Quelques mois supplémentaires consacrées à l'écriture n'aurait pas été superflu... Album honnête sans plus, j'aurai mis la même note.

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