Vite fait bien fait: The Antlers / Black Lips / Bon Iver

Belle pochette, bel album ? Pas si simple...

The Antlers - Burst Apart

Hospice, le précédent album de The Antlers, était longtemps resté pour moi un objet de mystère. Ce n'est qu'au bout de quelques mois de maturation qu'il a fini par se révéler comme un des grands albums de l'année. J'ai donc pris mon temps pour découvrir Burst Apart, mais force est de constater que la situation est bien différente. Le groupe de Brooklyn ne se cache plus, et les chansons se dévoilent bien plus facilement que chez son illustre prédécesseur. J'ai bêtement cru que la pochette serait à l'image des chansons, ce qui avait d'autant plus excité ma curiosité, mais au contraire les chansons s'appréhendent et se discernent sans                                                                          difficulté. 

Et on se rend compte qu'avec ce voile c'est tout le charme de The Antlers qui s'envole. Sans être complètement indignes, une fois démasquées les chansons du groupe se révèlent bien quelconques par moments, et Burst Apart est non seulement assez décevant, mais aussi peu intéressant au final. Même si un « No Widows » parvient sur la longueur à gagner de l'épaisseur, la production qui a effectué un virage couleur new-wave sur tout l'album gâche les meilleurs moments, en plus d'être d'une banalité regrettable. Burst Apart n'est pas un mauvais album, mais sans vraies bonnes chansons ni atmosphère convaincante, il devient d'un coup assez anodin.







Black Lips - Arabia Mountain

Mine de rien c'est déjà le sixième album des Black Lips, l'un des nombreux très bons groupes de garage américains qu'on finit par perdre de vue, faute de pouvoir tous les suivre. Et quand on les retrouve, c'est comme si rien ne s'était passé durant tout ce temps. Ce sont toujours les mêmes, ils enchaînent toujours des excellentes chansons garages avec juste ce qu'il faut de personnalité pour qu'on ait envie de s'enfiler tout l'album. Tout au plus pourrait-on dire qu'ils se sont un peu ramollis, mais dans le cas des Black Lips cela importe finalement assez peu car c'est autant voire plus leur psychédélisme que leur hargne qui a fait leur
                                                                       réputation. 

Et sur Arabia Mountain, le son est plus infectieux que jamais, à un point qu'on se sent presque mal à l'aise à l'écoute de « Mr Driver », qui arrive pourtant sortir un bon refrain de cette mélasse. Aucun nuage à l'horizon, le groupe d'Atlanta sait toujours trouver des mélodies pop improbables, être à la fois malsain et fun, crade et élégant. A croire que le bon garage c'est comme le vélo, une fois qu'on sait en faire on n'oublie pas. Arabia Mountain est sans doute un album de garage comme il en sort beaucoup chaque année (les inconnus Shapes Have Fang en sont la preuve), mais cela fait partie du charme de tout album de garage. Avoir l'air de sortir de nulle part, vous mettre une claque bien sentie sans qu'on s'y attende, et retourner dans son trou sans qu'on s'en aperçoive, en ne laissant qu'une marque sur la joue.







Bon Iver - Bon Iver

Justin Vernon est un homme au talent incroyable. Il y a 3 ans, son For Emma, Forever Ago avait surpris tout le monde avec un folk décharné qui vous bouleversait en une poignée de chansons. Depuis il n'a pas chômé loin de là. En 2009 il nous sort un EP qui parvient à marier sa voix à l'autotune avec élégance, et son succès a atteint des sphères insoupçonnées, le faisant participer au dernier album de Kanye West. Et aujourd'hui, son deuxième album est sans doute un des plus attendus de l'année. Bon Iver paraît contenir tout les clichés d'un deuxième album: moins épuré, arrangements plus étoffés... Le syndrome de l'ouverture. On osait à peine espérer qu'il parvienne à égaler la beauté de son prédécesseur, et pourtant. A parcours incroyable, inspiration incroyable. Les qualités de Justin Vernon s'expriment bien au-delà de sa musique, et qu'importe la façon dont il traite ses chansons, elle gardent toujours en elles une beauté extraordinaire, par essence. 

Dès l'ouverture « Perth » il n'y a pas de doute possible sur la réussite de l'album. Les arrangements, pourtant loin d'être discrets, apportent juste ce qu'il faut de mélancolie et de grandeur pour emporter chaque morceau dans la bonne direction, à tel point qu'on finit rapidement par oublier que Bon Iver s'est autrefois exprimé autrement. La nature esquissée dans Bon Iver est moins sauvage que celle de For Emma, Forever Ago, elle semble apprivoisée mais n'en reste pas moins inaccessible. Que ce soit dans « Michicant » ou « Calgary », Justin Vernon recrée sa propre musique sans la dénaturer, et le tout avec une classe époustouflante. On lui pardonne même ses quelques tentatives d'un goût douteux sur « Hinnom, TX » ou « Beth / Rest », qui a tout de même le défaut de finir l'album de manière bien moins éclatante que « re: Stacks ». Mais c'est aussi la preuve que derrière sa mélancolie, Justin Vernon est un homme qui ne se cache pas, et qui assume tous ses choix. Plus de doutes maintenant, on va encore lui faire confiance longtemps. On aimerait s'attarder davantage sur Bon Iver, mais à vrai dire je ne sais pas bien ce qu'il peut y avoir à rajouter.




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Commentaires

  1. Pertinentes tes lignes sur le Bon Iver qui vont plus vite que moi à l'essentiel :-)
    J'aime bien cet album, même si sa tendance à verser dans un certain maniérisme ou virtuosité est à surveiller selon moi. Peut-être bientôt du R'n'b ? Mais au moins il fait ce qu'il veut l'ami Vernon :-)

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  2. Faudra que j'écoute ce Bon Iver j'avais bien aimé le premier...

    Sinon j'en profite : très bon blog (découvert par le classement des blogeurs)

    Frank

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