Matt & Kim - Sidewalks

Je ne suis pas un chien, je vais vous donner autre chose à vous mettre sous la dent que ma chronique précédente qui est plus amusante pour moi qu'intéressante pour vous. Matt & Kim donc. Brooklyn, New-York. Qualifié de dance-punk. Comme pour Belle and Sebastian, je pourrais presque faire une chronique sans écouter le disque. La pochette représente toujours le paysage de Brooklyn bariolé de toutes les couleurs, comme d'habitude. Vous l'avez peut-être déjà senti jusqu'ici, mais je précise au cas: Matt & Kim, c'est pas mon truc. J'ai écouté le premier album, qui était pour moi rien de plus que du punk californien avec des synthés. Ca fout la pêche, c'est sûr, mais ça s'arrête là. Alors, "dance-punk"... On est quand même bien loin de LCD Soundsystem.

Bref, j'écoute, parce que j'ai l'habitude de ne pas rester sur une opinion concernant un groupe. Soit pour m'assurer qu'il est bel et bien mauvais (mouahah), soit pour pouvoir dire: "Autant ils faisaient de la merde avant, autant là ça s'est amélioré." Faut pas se mentir, si je prends la peine d'écrire sur tout ce que j'écoute, c'est bien sûr pour moi, pour en garder une trace dans mon esprit, mais aussi pour avoir des arguments et briller dans les nombreux salons mondains auxquels je participe (je vous assure qu'ils connaissent Matt & Kim, ne jouez pas les rabat-joie.) Et là je sais que vous pensez que je ne suis qu'une personne superficielle, mais bon, c'est pas en m'exaltant sur la musique dans mon coin que je flatterais mon ego. Et je citerais Benjamin qui disait je sais plus quand qu'on voulait toujours prouver quelque chose à quelqu'un. Bon, mais on s'est pas mal éloigné avec tout ça dites moi ? Matt & Kim donc. Qui n'ont pas changé de recette, toujours des synthés et une boîte à rythme. Mais beaucoup moins punk. Pas de "1, 2, 3, 4" avant les chansons, pas de voix un peu dégueulasse, genre "je sais pas chanter, je sais juste hurler". Matt & Kim se sont fait beaucoup plus pop, voire même "hip-pop" (oui oui, j'emploie des néologismes). Un peu comme Jamie T, si vous voulez. 

La chanson "AM/FM Sound" en est un bon exemple avec ses "eh oh eh oh". Le pire étant peut-être "Where You're Coming From" dont l'intro rappelle "Undisclosed Desires" de Muse. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas un compliment. Enfin, du coup, Sidewalks est un album bêtement pop électronique, sans doute un peu influencé par la chillwave actuelle (cf Glasser), mais pas vraiment révolutionnaire. Dommage pour un groupe qui évolue à l'épicentre des nouvelles modes musicales depuis plusieurs années, c'est-à-dire Brooklyn. Je ne sais pas quel genre de producteur a conseillé au groupe de changer d'orientation musicale pour aller vers un genre qui n'a jamais été terrible déjà, et puis dépassé depuis un moment aussi. Pas que je sois un chantre de la nouveauté et à la pointe des nouveaux mouvements, mais il y en a qui sont très passagers, et si on arrive trop tard, l'effet est bien raté. De toute façon, quand on s'attarde un peu sur la musique en tant que telle, ce nouvel album de Matt & Kim ne risquait pas de les porter aux nues chez les auditeurs. La plupart du temps, les ritournelles ne claviers consistent en une succession d'accords qu'on imagine bien assenés d'une main nonchalante ("Block After Block", "Silver Tiles"). Ou alors des arpèges qu'on fait varier en tournant un bouton, ("Red Paint", "Good for Great") le genre de choses qui ne surprend plus personne, et qui n'est guère efficace que dans des morceaux electro plus complexes (ou dans le dernier titre de Daft Punk).

C'est sûr que c'est très frais et que certaines chansons pourraient aisément passer en boucle en radio -pas chez moi, j'aime bien le clavier, mais faut pas pousser- mais Sidewalks manque désespérement de bons morceaux et d'un son original pour se démarquer et pour attirer l'attention. On leur attribuera quand même le mérite de rester simple, là où d'autres ont poussé le délire un peu trop loin (Sleigh Bells ?). J'aurais presque envie de dire "ni bon ni mauvais", mais mon objectivité m'en empêche. M'enfin, maintenant je peux continuer à dire que je n'aime pas Matt & Kim, mais plus pour les même raisons.






Je ne le pense pas souvent, mais ici, Pitchfork a bien cerné l'album.

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